Ségolène Royal veut infléchir le projet socialiste

A peine plébiscitée par les militants, Ségolène Royal songe déjà à infléchir le projet élaboré et adopté par le parti pour les échéances de 2007. Intervenant, pour la première fois depuis sa désignation, lundi soir à la télévision la candidate socialiste a clairement affirmé son intention de "compléter" le projet socialiste en s'appuyant sur les attentes des Français. La méthode Royal va donc commencer à produire ses effets. Fidèle à ses convictions, la candidate compte transformer la politique et mener une campagne présidentielle "participative" qui prend en compte les avis des Français. "Mon objectif est de remettre le peuple français au coeur du projet socialiste pour construire avec lui les réformes que nous ferons demain" a-t-elle déclaré sur TF1. Ségolène Royal entend donc mener sa campagne pour la présidentielle comme elle a conduit sa campagne interne pour obtenir l'investiture socialiste : en s'appuyant sur l'opinion plutôt que sur le seul parti socialiste. Faisant fi des attaques de ses pairs qui l'accusent de dérive populiste, renforcée par son succès incontestable lors du vote des militants, elle a les coudées franches pour imposer sa ligne, tant sur la forme que sur le fond. La forme,c'est la transposition, au niveau national, de la démocratie participative qu'elle a mise en place dans sa région de Poitou-Charente. Avec comme modèle le "budget participatif", expérimenté dans les lycées poitevins, qui permet aux enseignants, aux parents d'élèves et aux lycéens, de donner leurs avis sur les dépenses et d'exprimer leurs besoins. Le fond, c'est l'inflexion du projet socialiste après une première phase de sa campagne consacrée à l'écoute des Français. "En voilà assez des politiques qui assènent sur la tête des autres ce qu'il faut penser, ce qu'il faut dire et ce qu'il faut faire. Un leader doit considérer qu'il ne sait pas tout tout seul" a-t-elle lancé au journal de 20 heures lundi soir. Lors de cette première phase, la candidate socialiste prévoit de retenir quatre thèmes principaux pour mener cette consultation avec "le peuple" : l'éducation, la formation et l'accès au travail ; la lutte contre les violences et l'insécurité pour "l'ordre juste" ; la vie chère et le pouvoir d'achat ; l'environnement et le développement durable. Autant de sujets sur lesquels les propositions du projet socialiste pourraient être modifiées car "nous devons aller plus loin dans la hiérarchie des priorités", estime Ségolène Royal qui souhaite des "idées neuves". Une orientation conforme au profil de la candidate mais qui risque de renforcer l'inquiétude de ceux qui, au PS, redoute une évolution de la doctrine socialiste bien éloignée d'un ancrage à gauche. Cette inquiétude a été engendrée par les prises de position de la candidate pendant la campagne interne. Par exemple sur les 35 heures considérées par elle comme "une régression pour les salariés les plus fragiles" ou encore sur la flexibilité, Ségolène Royal n'excluant qu'il pourrait être nécessaire d'assouplir le CDI, en accord avec les partenaires sociaux. La secrétaire nationale du PCF Marie-Georges Buffet a lancé hier un appel pour rassembler tous ceux, notamment au PS, veulent le triomphe d'une "majorité vraiment de gauche" en 2007. Elle a critiqué le positionnement et les déclarations de Ségolène Royal. "Avec elle, on va au-delà du programme . La gauche ne doit pas être le relais d'opinion mais faire des propositions" a-t-elle affirmé . Une attaque directe de la candidate socialiste.
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