"Le retournement du secteur immobilier entraînera un repli de la croissance américaine en dessous de 2% en 2007"

Latribune.fr. Vous êtes plus pessimiste que la moyenne sur la conjoncture américaine. Pourquoi? Est-ce que cela incitera la Réserve fédérale à assouplir sa politique monétaire plus tôt que ce qu'anticipe le marché actuellement? Eric Vergnaud. Nous attendons en effet une croissance proche de 1,5% aux Etats-Unis l'année prochaine, ce qui est inférieur au consensus. Le retournement du marché immobilier aura bientôt un impact sur l'ensemble de l'économie. On commence juste à en observer les conséquences dans le secteur manufacturier mais au niveau de l'emploi par exemple, les effets ne sont pas encore visibles. Le retournement du marché immobilier nous semble de nature à nettement ralentir la croissance l'année prochaine. Les ménages souffriront en particulier de l'épuisement du mécanisme des refinancements hypothécaires. Pour autant, ce n'est pas encore un scénario catastrophe. La Réserve fédérale ne tardera pas à réagir. Nous attendons une première baisse de taux en janvier ou en mars. Dans ce dernier cas, l'assouplissement pourrait être de 50 points de base. L'objectif des fonds fédéraux devraient ainsi rapidement revenir vers 4% et ils pourraient même se diriger vers 3% d'ici la fin de l'année prochaine, ce qui est très différent des anticipations de marché actuelles. Plus proche de nous, jusqu'où la Banque centrale peut-elle aller dans le resserrement de sa politique monétaire? La BCE va sûrement s'arrêter à 3,50% car il faudra qu'elle prenne le temps d'évaluer l'ampleur du ralentissement européen début 2007. Il nous semble qu'elle prendra en compte ce ralentissement et son impact sur l'inflation pour rester en mode "pause" assez longtemps. Elle pourrait même commencer à baisser ses taux avant la fin de l'année. La hausse de la TVA en Allemagne menace-t-elle la croissance de la première économie de la zone euro? Cette année, nous devrions avoir entre 2,6 et 2,7% de croissance en Allemagne. L'année prochaine, nous reviendrons sous 1,5%, du fait du relèvement de la TVA, et des autres facteurs défavorables qui toucheront l'ensemble de la zone euro, à savoir le ralentissement américain, la montée de l'euro et l'impact du resserrement monétaire. Nous sommes plus négatifs que la moyenne sur la zone euro, ce qui est logique compte tenu de nos prévisions sur les Etats-Unis. Pour l'année prochaine, nous prévoyons entre 1,5 et 2% de croissance en Europe. Compte-tenu de vos prévisions, vous devez juger le rythme de remontée des taux longs relativement limité? Tout à fait. Les facteurs structurels de soutien au marché obligataire, tels que l'abondance d'épargne, resteront les mêmes. Quant à l'influence de la politique monétaire, que la BCE s'arrête à 3,5% ou qu'elle aille jusqu'à 3,75%, cela ne changera pas grand-chose. Avec une politique monétaire quasiment au top en Europe et en passe d'être assouplie aux Etats-Unis, les taux longs ne risquent pas vraiment de se tendre. Sans compter que la croissance sera moins forte en 2007 qu'en 2006. D'ici la fin de l'année prochaine, le rendement des emprunts d'Etat à 10 ans pourrait ainsi revenir en dessous de 3,5% en Europe et autour de 4% aux Etats-Unis. L'euro a battu des records au cours du week-end de Thankgiving. Quelles sont vos anticipations sur la parité euro/dollar? Sur le marché des changes, tout va dépendre des différentiels de rémunération anticipés des devises. Dans la mesure où la BCE devrait rapidement marquer une pause et où les Etats-Unis vont bientôt s'engager dans un cycle de baisse des taux, l'euro/dollar pourrait atteindre un pic à la fin du premier semestre 2007. L'euro pourrait alors se rapprocher de 1,38 -1,40 dollar. Bien sûr, les cambistes n'attendront pas que la Fed baisse effectivement ses taux pour réagir. Il suffira, pour enclencher le mouvement, qu'elle prévienne qu'elle s'oriente vers une baisse. Ce qui devrait se produire à l'issue de la réunion de politique monétaire de décembre ou de janvier. A plus court terme, compte tenu de l'évolution de ces derniers jours, il est tout à fait probable que l'euro passe une partie de la fin de l'année au-dessus de 1,30. Prévisions pour la fin de l'année de BNP Paribas (au 24/11/06)Euro / Dollar: 1,32Taux Fed Funds: 5,25%Taux "refi" BCE: 3,50%Taux à 10 ans aux Etats-Unis: 4,60%Taux à 10 ans en zone euro: 3,75%
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