Une étude prévoit un grand potentiel aux nouveaux biocarburants outre-Rhin

Une alternative à laquelle on croit dur comme fer outre Rhin pour remplacer en partie les énergies fossiles s'appelle le Btl, pour "Biomass to liquid" désignant le dernier né des bio-carburants. Le potentiel de production actuel serait déjà énorme. "Il y a déjà assez de biomasse (la somme des énergies renouvelables) présente en Allemagne pour une large production du Btl qui pourrait couvrir 20% de la consommation actuelle en carburant", rapporte l'étude de l'agence Dena. Supportée conjointement par la fédération de l'automobile (VDA), les groupes pétroliers BP et Total, plusieurs chimistes dont BASF, et trois ministères impliqués dans le projet, les transports, l'environnement et l'économie, la présente étude vise à démontrer que la réalisation d'une première raffinerie produisant du Btl en Allemagne est tout à fait faisable. Elle nécessiterait entre 400 et 650 millions d'investissement pour produire entre 100.000 et 120.000 tonnes de Btl par an, à partir d'un million de tonnes de biomasse introduites dans le cycle de production. Mais le document ne pêche-t-il pas par optimisme ? "Il faudrait un investissement de 50 milliards d'euros pour produire l'équivalent de 20% du carburant consommé actuellement", fait remarquer une source chez un groupe pétrolier. Le chiffre de 20% paraît d'autant plus contestable qu'il ne prend pas non plus en compte de l'emploi concurrent de la biomasse disponible pour couvrir d'autres besoins tels que le chauffage urbain, la production d'électricité et l'industrie chimique. Les avantages du Btl sont pourtant indéniables. Selon Stephan Kohler, chef de l'agence Dena, ce carburant permet de réduire de 90% les émissions de gaz carbonique (CO2), contre 40 à 60% pour les bio-carburants de première génération. Son rendement serait avec 4.000 litres de Btl produits par hectare bien supérieur aux actuels biocarburants. Et la production de gazole à partir du Btl n'est pas uniquement liée aux récoltes de céréales et d'oléagineux, mais est basée également sur les sous-produits de l'agriculture (déchets..) et des forêts. Last but not least, ce produit serait compatible avec les moteurs fabriqués aujourd'hui, ceci expliquant le soutien de la branche automobile pour ce projet.Reste cependant, pour attirer les investisseurs sur ce projet, à leur assurer que l'avantage fiscal accordé en Allemagne aux bio-carburants soit étendu au-delà de son échéance prévue en 2015. Les responsables politiques sont ici interpellés. Un investisseur devra aussi présenter un sérieux "business plan" en ayant en tête qu'un litre de Btl coûterait environ 88 cents, en pouvant optimiser le calcul à 70 cents via une amélioration des techniques de production. Hors taxes, l'essence normale a de son côté un coût de revient de 31 cents, et le diesel de 36 cents..."Le procédé d'un biogazole avancé n'en est qu'à son commencement", prévient Klaus Picard, directeur de la fédération allemande des essences minérales. La France paraît déjà plus avancée : le groupe Total réfléchit à la faisabilité de construire sa propre raffinerie pour produire un biocarburant d'un genre intermédiaire entre l'éthanol et le Btl, intitulé le nex-Btl. Un projet pourrait se concrétiser prochainement et ainsi donner un signal fort de l'autre côté du Rhin.
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