Sortie de crise en vue à Libération

Sauf coup de théâtre, les actionnaires de Libération devraient entériner aujourd'hui en fin de journée le plan de relance de l'actionnaire principal Edouard de Rothschild (38,87%). Malgré la guerre ouverte qui oppose le banquier à l'autre principal actionnaire du titre, la Société civile des personnels de Libération (SCPL, 18,4%), les salariés ont voté vendredi à 56% des suffrages exprimés en faveur du "schéma de relance" proposé par l'homme d'affaires.Le conseil d'administration convoqué de ce jour, le sixième en deux mois, doit à son tour se prononcer sur ce plan, auquel s'est opposée pendant plusieurs semaines la SCPL. Vendredi, cette dernière s'est cependant engagée à respecter le vote strictement "indicatif" des salariés. Le projet prévoit l'arrivée à la tête de Libération de Laurent Joffrin, jusqu'à présent directeur de la rédaction du Nouvel Observateur et ancien directeur de la rédaction de Libé de 1996 à 1999, qui devrait prendre le poste de président du directoire. Il prévoit également de nouvelles suppression de poste. Alors qu'Edouard de Rothschild entend supprimer 101 à 106 emplois, Laurent Joffrin a promis de à rechercher un "point intermédiaire" entre les préconisations du banquiers et les 66 départs proposés par la SCPL. Enfin, le plan prévoit un changement des statuts de la société, qui doit faire perdre à la SCPL son droit de veto sur les grandes décisions (nomination du PDG, arrivée de nouveaux investisseurs...). En échange, Edouard de Rothschild s'est engagé à réinjecter 5 millions d'euros dans le journal après avoir investi 20 millions d'euros en 2005, et à trouver de nouveaux investisseurs à hauteur de 10 millions d'euros. De sources concordante, Suez Communication, qui détient 2,53%, remettra au pot à hauteur de sa participation. En revanche, Soparic (Pathé) et 3i qui détiennent respectivement 16,77% et 10,53% ne participeraient pas à une recapitalisation du titre.L'approbation de ce projet par le conseil d'administration, après des semaines de conflit, éloignerait le spectre du redressement judiciaire. Libération, qui affiche des ventes de 135.000 exemplaires contre 156.000 exemplaires en 2005, devrait accuser une perte de 12 millions d'euros cette année. Si Libération ne trouve pas 15 millions d'euros d'ici un mois, le dépôt de bilan est inévitable.Laurent Joffrin entend dans un premier temps "rassembler" une équipe qui s'est "divisée" après le départ en juin du fondateur du journal, Serge July, sous la pression d'Edouard de Rothschild. S'il il est resté flou sur le nouveau Libé qu'il veut mettre en place, Laurent Joffrin a déclaré que Libé devait être "plus engagé" et se positionner "clairement à gauche et plus aux côtés de ses lecteurs et non au-dessus". Il a affirmé ne pas être "l'homme d'Edouard de Rothschild", bien qu'il soit proche d'Agnès Touraine, une fidèle du banquier... Tout en soulignant qu'il n'était "que" candidat et que les décisions financières ne lui appartenaient pas, Laurent Joffrin a insisté sur la "vérité des comptes" devant des salariés, qui redoutent un plan social de grande ampleur. "Si on ne fait pas les sacrifices imposés par la réalité, il est très probable que Libé disparaisse d'ici un an", a-t-il martelé. Conformément à sa volonté de vouloir faire du quotidien une "entreprise multimédias", il a préconisé un fort développement du site Internet, qu'il veut rendre "plus efficace".Après plus d'un an d'instabilité, la sortie de crise s'annonce encore périlleuse. Après le conseil, devrait s'ouvrir une longue période de discussions et de négociations sur le plan social, mais aussi sur la réorganisation de la rédaction et la nouvelle orientation rédactionnelle. Le Syndicat national des journalistes a indiqué qu'il serait extrêmement attentif sur la méthode employé pour faire partie les gens et qu'il se battrait pour que les réductions d'effectifs "se fassent par départs volontaires". En tout état de cause, aucun plan de relance ne peut réussir avec une équipe qui se réduirait à moins de 200 salariés", a averti le syndicat. Et le SNJ de conclure, "les salariés de Libération ayant pris leur responsabilité, c'est maintenant à Edouard de Rothschild de tenir l'engagement qu'il a pris de mener à bien la recapitalisation de l'entreprise".
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