La Sacem face au nouveau "Far-West" de la musique numérique

Il y a là comme un paradoxe. Si l'industrie de l'édition musicale souffre terriblement de l'impact des nouvelles technologies sur son marché en raison du développement des téléchargements illégaux, les droits d'auteurs touchés par la Sacem n'en ont pas été réduits pour autant. Sa collecte a même augmenté de 4% en 2005, pour atteindre un montant de 757 millions d'euros. Pour l'heure, le web pose d'autres défis à la société de gestion collective du droit d'auteur pour la musique. "Avec la numérisation de la musique et la place qu'occupe désormais Internet on assiste à une complexification de la répartition et de l'exploitation des oeuvres, appelant logiquement la technologie à prendre une place de plus en plus importante dans nos outils de gestion et l'automatisation des procédés", explique Michel Allain, directeur de l'organisation et des systèmes d'information de la Sacem.Le développement rapide de l'Internet à haut débit en France a bouleversé les modèles classiques de perceptions des droits. Si les contours économiques d'un modèle bâti sur le téléchargement se dessinent plus clairement, "il y a aussi de nombreuses nouvelles formes d'exploitations de la musique qui émergent, marquant un nouveau pas vers la dématérialisation des contenus", souligne Michel Allain. Du modèle de Yahoo Music construit sur la base d'un abonnement, en passant par le développement des blogs ou le succès des sites communautaires comme YouTube et MySpace, "c'est un nouveau Far-West que nous devons défricher", décrit-il. Pour l'heure, le web ne représente qu'un petit pourcent des revenus perçus par la Sacem. Il y a certes encore un fossé entre la musique légale et celle qui ne l'est pas, mais "ce pourcentage va monter", prophétise Michel Allain, ajoutant que "la croissance des droits perçus en ligne a progressé de 200% l'année dernière, dans un marché qui a pris ses marques avec des plate-formes de téléchargement légal désormais bien établies". Et s'il est assez facile de tracer ce qui est diffusé sur le web, les choses se compliquent en revanche dès qu'il s'agit d'identifier les titres, mais surtout leurs réels auteurs. Faites l'expérience de rechercher un standard du jazz comme "Besame mucho" sur le site de musique en ligne iTunes. Vous obtiendrez plus d'une quinzaine de résultats pour la même chanson, sans pour autant savoir s'il s'agit d'un extrait de concert, d'une énième reprise du titre ou de l'interprétation originale. Une confusion à l'origine d'un véritable casse-tête pour les sociétés chargées de collecter les droits d'auteurs. En effet, lorsque vient le moment de redistribuer les sommes perçues via Internet à ses sociétaires, la Sacem manque cruellement d'informations précises pour transférer l'argent à qui de droit. Pour pallier à ce problème, des producteurs, maisons de disque, fournisseurs de services et sociétés d'auteurs, dont la Sacem, se sont associés dans le cadre d'un projet international baptisé DDEX pour Data Digital Exchange. "L'objectif de ce groupement est de standardiser et normaliser les échanges de musique entre les différents acteurs de l'industrie afin de disposer d'informations exploitables associées aux fichiers musicaux", explique Michel Allain. Encore en phase de test, cette nouvelle norme devrait entrer en vigueur au premier trimestre 2007.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.