En ces temps de record, comment retrouver ses repères ?

Jamais les maisons de vente ne se sont aussi bien portées : en six vacations en novembre, Chritie's a réalisé à New York 866 millions de dollars d'enchères de peintures modernes et contemporaines, 68 millions de dollars pour quelques séances de d'art chinois à Hong Kong et 28 autres millions de dollars en une seule vente d'art russe à Londres. Sotheby's, Drouot, Artcurial et les autres devraient pulvériser leurs meilleurs scores lors de leurs résultats annuels annoncés autour de Noël, puisqu'à ce rythme, les records mondiaux continuent de tomber. C'est le cas d'un tableau "post war", une huile de Willem de Kooning arrachée à 25 millions de dollars, d'un "Mao" de Andy Warhol (17,3 millions de dollars), mais aussi d'une oeuvre chinoise de Xu Beihong (7 millions de dollars) ou d'une porcelaine rose de la période Qianlong (19,6 millions de dollars).En France aussi, les records pleuvent, qu'il s'agisse d'un vase d'époque Yuan (2 millions d'euros) , de deux sièges Art déco de Legrain ( plus de 520.000 euros chacun), d'une sculpture de Braque (547.000 euros) ou d'un masque Fang (5 millions d'euros).Face à cette déferlante, le collectionneur a perdu ses repères, car le marché est particulièrement contrasté. Il y a les secteurs qui font le plein d'acheteurs : c'est le cas de la plupart des peintures modernes et contemporaines (avec un centre d'intérêt pour les années 1970), la vidéo (installations), l'art déco (Ruhlmann et J.M. Franck), le mobilier minimal (Pierrand, Prouvost), les arts premiers (Nigeria, Océanie, Eskimos), le surréalisme (Matta, Lam), l'art chinois et russe (sous toutes ses formes), l'orientalisme, la bibliophilie, la photographie ... D'une manière générale, les objets de très grande qualité ou très rares s'arrachent à prix d'or, surtout s'ils présentent un "pedigree", une origine connue et certifiée.Mais il y a aussi des domaines où les prix ont baissé, parfois de plus de 50% en quelques années. L'ameublement d'époque - sauf estampillé - des XVII au XIXème siècles est délaissé : ainsi, une commode en marqueterie d'époque Louis XVI vendue 30.000 francs il y a six ans n'a pas trouvé acheteur à 1.500 euros. Même dépréciation pour les petits tableaux de style flamand, l'argenterie, le mobilier rustique, les affiches ou les étains.Pour nombre de commissaires-priseurs, cette tendance devrait se poursuivre, même si le mouvement est moindre en province qu'à Paris et si les vendeurs, qui ne veulent pas céder à perte, se font plus rares.Conséquence : si on aime "le classique" on peut faire des affaires, mais sans pourtant en attendre des plus-values. Il s'agit d'avantage de se faire plaisir que d'investir.Ce marché s'anime un peu traditionnellement avec les fêtes, car certains y trouvent leurs présents de Noël. Mieux vaut attendre le début de l'année, quand les prix, même bas, connaissent un repli.
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