Panne de moteur sur le Nasdaq

Par latribune.fr  |   |  471  mots
Google vient de perdre 20 milliards de capitalisation boursière en trois séances. La fin d'une course folle pour le moteur de recherche ?

La marque la plus influente au monde : Google a retrouvé ce titre de gloire l'an dernier, que Apple lui avait soufflé en 2004. Les deux sociétés, louées pour leur capacité d'innovation, ont aussi bataillé en 2005 pour la médaille de la valeur favorite des analystes à Wall Street et de la croissance la plus explosive en Bourse : c'est la firme à la pomme qui l'a emporté, en s'envolant de 123%, un peu plus que haut que les 115% de Google. La semaine passée, les deux groupes de la Silicon Valley ont rivalisé dans un registre moins prestigieux : leur débandade en Bourse. Apple a trébuché de 11%, faute d'avoir annoncé des perspectives suffisamment appétissantes. Google s'est effondré de plus de 14%, un raté du moteur de recherche qui lui a effacé en trois séances 20 milliards de dollars de capitalisation boursière. C'est plus que notre Alcatel ou que le géant du commerce électronique Amazon.com. Le célèbre libraire en ligne pèse 18 milliards de dollars, il en valait 32 milliards il y a six ans. Grandeurs et déchéances des sociétés de l'internet...

Simple hoquet du moteur de recherche ou panne plus grave ? La valeur a sombré juste sous les 400 dollars, un niveau qu'elle avait dépassé depuis novembre, venant tutoyer les 475 dollars, environ 5,5 fois son prix d'introduction il y a dix-sept mois. Un tout petit écart de conduite sur une course menée à toute allure, une course un peu folle même : depuis son entrée en Bourse en août 2004, les investisseurs restent sourds aux appels à la raison et aux mises en garde contre une résurgence de la bulle internet. Les analystes, dépassés, augmentent à chaque trimestre leurs prévisions, que Google excède sans faiblir, et leurs objectifs de cours, que la firme de Mountain View pulvérise sans crier gare. Sauf cette fois-ci. Plusieurs experts, galvanisés par le parcours époustouflant, avaient passé la vitesse supérieure en ce début d'année, prédisant des cours de 600 dollars voire 2.000 dollars ! Las, le carburant a manqué, le doute s'est infiltré dans l'esprit des investisseurs. Les nerfs des experts ont commencé à lâcher : deux d'entre eux ont lâché le peloton, quitte à risquer la sortie de route, en dégradant mercredi à "vendre" leur recommandation sur l'icône du Nasdaq.

Les lauriers tressés par son concurrent Yahoo, qui se plaint d'une concurrence exacerbée, sont-ils mérités ou le marché a-t-il raison de s'inquiéter d'un ralentissement généralisé du marché de l'internet ? Google ne publiant ses résultats que le 31 janvier, la réponse ne devrait poindre que dans une semaine, semaine de tous les dangers pour le moteur de recherche et ses actionnaires. A plus de 45 fois les bénéfices, la panne de croissance serait impardonnable.