Les médecins du travail chiffrent l'épuisement des salariés d'IBM

Par latribune.fr  |   |  340  mots
Dans un rapport, ils notent l'aggravation du stress. Il découlerait de l'organisation et des relations au travail. La direction tente de réagir.

Dix-neuf dépressions, deux "burn outs" (épuisement professionnel) et 116 urgences de consultation, parmi les 4.100 salariés du siège d'IBM France, rien que pour les six premiers mois de 2007. Les médecins du travail dénoncent l'épuisement des salariés d'IBM dans un rapport que s'est procuré l'AFP.

Ce rapport note l'aggravation de la tension. Dès 2003, dans une démarche inédite à l'époque, les médecins avaient évalué les risques psychosociaux (stress, dépression...) sur plusieurs sites, révélant que 49% des salariés connaissaient un niveau de stress professionnel susceptible d'entraîner une pathologie psychique ou somatique. En trois ans, ce pourcentage est passé à 65,7%, selon l'étude menée en 2006 sur une population représentative de 239 salariés d'IBM, à la demande du comité d'entreprise.

Le stress découlerait de l'organisation et des relations au travail. Parmi les plaintes récurrentes des salariés, recensées par les médecins du travail du siège à La Défense (Hauts-de-Seine), "une charge de travail excessive", une "remise en cause permanente des compétences", la "non-reconnaissance des efforts fournis", l'"irrespect" de certains managers ou encore la notation du personnel.

Pour Jean-Michel Daire (CFDT), cité par l'AFP, "IBM a perdu sa culture d'entreprise du fait de l'intégration de multiples sociétés en peu de temps et des restructurations incessantes qui ont conduit à la perte nette de 800 à 1.000 emplois chaque année entre 1992 et 2004". "Nous avons intégré cette précarité et manquons de repères", témoigne-t-il

"Nous connaissons ces chiffres, prenons acte et essayons de voir que faire", a déclaré un porte-parole de la direction à l'AFP. Quelques services ont d'ailleurs commencé à se réunir pour évoquer le vécu au travail.

Le rapport des médecins du travail sonne comme un signal d'alarme alors que des suicides de salariés se produisent dans les entreprises dont IBM. En mars 2006, le suicide d'un salarié de 34 ans à son domicile a été reconnu comme maladie professionnelle. IBM a fait appel de cette décision de la Sécurité sociale.