Espoir de compromis sur le climat au G8

Par latribune.fr  |   |  567  mots
Les Etats-Unis s'opposaient toujours à ce qu'un objectif chiffré et contraignant de réduction de CO2 soit mentionné dans le communiqué final du sommet d'Heiligendamm. Mais pourraient approuver un "engagement en faveur d'une réduction significative (...) d'ici à 2050 comme objectif global".

Les dirigeants des huit puissances les plus riches de la planète semblent se rapprocher d'un compromis sur la nécessité de réduire de façon significative les émissions de gaz à effet de serre. Jusqu'à présent, les Etats-Unis s'opposaient farouchement à ce que la mention d'un objectif chiffré, et donc présumé contraignant, d'une réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) soit mentionné dans le communiqué final du G8, réuni à Heiligendamm (nord de l'Allemagne). Mais l'intransigeance américaine n'a trouvé qu'un faible échos parmi les participants.

L'Allemagne, qui assure la présidence du sommet, plaide pour l'objectif désormais connu d'une baisse de moitié des émissions d'ici à 2050 afin que ne soit pas dépassé une hausse de température de 2°C d'ici à la fin du siècle. Toujours prompt à jouer les intermédiaire, Tony Blair se voulait optimiste à l'issue d'un entretien bilatéral avec George Bush en marge du G8 : "je crois possible que nous quittions ce sommet avec un engagement de la part de chacun en faveur d'une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050 comme un objectif global", a-t-il estimé, admettant toutefois qu'il ne s'attendait pas à un accord sur des objectifs chiffrés. "Cela, ces détails, ne peuvent pas être négociés au G8", a dit le chef du gouvernement britannique, relevant que les puissances émergentes type Inde et Chine devaient être impliquées dans ce processus.

Une session de travail est programmée demain avec les dirigeants de cinq pays émergents (Chine, Inde, Afrique du Sud, Brésil et Mexique) dans le cadre du G8+5. "Nous sommes extrêmement sérieux dans notre volonté d'agir", a dit pour sa part George Bush, qui a dévoilé la semaine dernière sa propre stratégie de lutte contre le réchauffement climatique. "Les Etats-Unis seront activement impliqués, voire en tête, du cadre post-Kyoto", a ajouté le président américain.

La première phase d' "engagement" du protocole de Kyoto, qui impose une réduction des émissions de 5,2% en moyenne à une trentaine de pays avancés (Etats-Unis et Australie exceptés), arrive à échéance en 2012. Les Etats-Unis, que Bush a retirés du protocole, rejettent cette approche qui exonère les pays émergents tels que la Chine et l'Inde de tout objectif quantitatif et contraignant. Bush envisage de réunir les quinze plus gros émetteurs de GES de la planète - en tête desquels on retrouve les Etats-Unis, la Chine, la Russie et l'Inde - afin de parvenir d'ici fin 2008 à des réductions post-Kyoto.

Selon Greenpeace, "il est nécessaire de conserver l'objectif de 50% (de baisse des émissions d'ici à 2050) sinon les températures moyennes de la planète augmenteront de plus de 2°C", a réaffirmé Tobias Münchmeyer, de l'organisation écologiste. Claude Mandil, directeur de l'Agence internationale de l'énergie, s'est voulu plus conciliant : "On a le temps de se fixer des objectifs. Ils sont de toutes façons inséparables de l'architecture qui sera mise en place à l'avenir" pour succéder au Protocole de Kyoto de réduction des gaz à effet de serre, a-t-il déclaré, cité par l'AFP. "On a trop d'objectifs chaque fois qu'on se réunit. Le problème n'est pas là : l'urgence est de définir maintenant les mesures à mettre en oeuvre pour réduire les émissions" de dioxyde de carbone (CO2), a-t-il ajouté.