Perte historique pour Airbus et plongeon des profits d'EADS

Par latribune.fr  |   |  710  mots
Le résultat net du groupe en 2006 a plongé de 1,68 milliard d'euros à seulement 99 millions de bénéfices. Sa grande filiale Airbus voit son résultat d'exploitation basculer dans le rouge avec 572 millions de déficit. Le co-président exécutif Louis Gallois affirme pourtant que le groupe n'a pas besoin d'augmentation de capital immédiate et assure que le premier A380 sera livré dans les temps, au mois d'octobre.

C'est le résultat d'une année de crise, marquée par les retards du programme du très gros porteur Airbus A380, les changements de direction et les bras de fer franco-allemands: le groupe EADS a vu plonger ses résultats en 2006 et sa grande filiale Airbus enregistre même les premières pertes annuelles de son histoire.

Dans le détail, le groupe européen d'aéronautique et d'armement voit plonger son résultat d'exploitation de 2,85 milliards d'euros à seulement 399 millions en 2006, malgré une hausse de 15% de son chiffre d'affaires annuel à 39,4 milliards d'euros. Son résultat net passe de 1,68 milliard à un maigre 99 millions. Au quatrième trimestre, il a même plongé dans le rouge, de 405 millions de profits d'octobre à décembre 2005 à une perte de 768 millions sur la même période l'an passé.

Les chiffres d'Airbus sont encore plus impressionnants en matière de trou d'air avec une perte d'exploitation de 572 millions d'euros en 2006 contre un bénéfice de 2,3 milliards un an plus tôt. C'est la première fois dans l'histoire du groupe que l'avionneur européen perd de l'argent.

Pour 2007, EADS s'attend à une stabilisation de son résultat d'exploitation et à de nouvelles pertes substantielles pour Airbus. Le groupe l'explique par les charges de son plan de restructuration (Power8, qui prévopit 10.000 suppressions d'emplois y compris chez les sous-traitants et a fait l'objet d'un long marchandage entre Français et Allemands), des coûts de ses programmes A380 et A350XWB et de la faiblesse du dollar. L'avionneur européen a en effet le plus gros de ses coûts de production en euros alors qu'il vend en dollars, monnaie de réference sur le marché international, un souci que n'a pas son grand rival, l'américian Boeing.

Toutefois, EADS n'a pas besoin dans l'immédiat d'une augmentation de capital, a répété ce vendredi matin son co-président exécutifs Louis Gallois: "nous pouvons attendre (...); EADS cherchera des ressources externes sur le marché quand ce sera nécessaire".

La question est d'importance car dans le cas d'une augmentation de capital se posera la question du sort des grands actionnaires privés actuels, Lagardère et DaimlerChrysler qui réduisent plutôt leur participation actuellement (respectivement de 15% à 7,5% et de 30% à 15%) et de l'Etat français (15%), associé à Lagardère, qui se dit prêt à accompagner une telle opération.

DaimlerChrysler, justement, a déclaré vendredi ne voir aucune raison pour l'instant de modifier la structure du capital ou l'organisation de la direction d'EADS. Alors que nombre de voix se sont élevées en France pour réclamer une remise en cause de l'organisation bicéphale du groupe, le constructeur automobile allemand a souligné dans un communiqué que toute modification de cet ordre nécessiterait son consentement.

Louis Gallois a par ailleurs assuré dans la matinée que la livraison du premier Airbus A380 à Singapore Airlines interviendrait dans les temps, au mois d'octobre.


Les présidents de région inquiets du risque de délocalisation
Quatre présidents socialistes de région se sont dits inquiets ce vendredi face au risque de délocalisation chez les sous-traitants d'Airbus, après avoir été reçus par Dominique de Villepin à Matignon. Alain Rousset (Aquitaine) a insisté après l'entretien sur "la nécessité de structurer la sous-traitance" de l'avionneur européen, afin d'éviter "la cannibalisation des fonds de pension et la délocalisation". Martin Malvy (Midi-Pyrénées) a souligné pour sa part que le plan de restructuration d'Airbus, avec ce qu'il implique de pression sur les coûts de la sous-traitance, "crée des conditions de délocalisation extrêmement fortes". Les régions sont prêtes à aider l'avionneur européen, a-t-il affirmé, "à condition qu'Airbus nous donne des garanties sur l'avenir des sites et sur la stratégie industrielle, ce que nous n'avons pas aujourd'hui". Martin Malvy a encore alerté d'un "risque de déséquilibre de plan de charge entre l'Allemagne et la France dans les années qui viennent", avec le départ planifié pour Hambourg de la construction de la famille A320, modèle moyen-courrier d'Airbus. Alain Rousset, Martin Malvy, Jacques Auxiette (Pays de la Loire) et Claude Gewerc (Picardie) étaient accompagnés à Matignon de "représentants" des régions PS Centre, Ile-de-France, PACA et Poitou-Charentes.