Le groupe indien Reliance lorgne sur Carrefour

Par latribune.fr  |   |  477  mots
Le géant indien assure négocier une entrée au capital du groupe de distribution, ou au moins la création d'une société commune en Inde. Carrefour cherche depuis des mois à s'implanter dans le pays, et a besoin pour cela d'un partenaire. Mais le groupe français dément.

Carrefour est un groupe qui séduit les prédateurs. Après la prise de participation de Groupe Arnault et Colony Capital, c'est au tour du géant indien Reliance de lorgner sur la chaîne d'hypermarchés. Reliance a assuré aujourd'hui qu'il était en négociations avec le groupe français en vue d'une prise de participation. En revanche, la forme de cette participation n'a pas été clairement précisée. "Cela pourrait être une participation de contrôle, cela pourrait être une société commune. Nous enverrons un communiqué dans un ou deux jours", s'est contenté d'expliquer un responsable de Relaince à l'Agence France Presse sous couvert d'anonymat. Mais c'est bien le groupe d'hypermarchés dans son ensemble que le géant indien semble viser. "Cela pourrait être une prise de participation dans la société (Carrefour). Nous parlons bien au niveau mondial. Il ne s'agit pas seulement de l'Inde", a insisté le porte-parole. Carrefour, pour sa part, a démenti en fin de journée toute négociation.

Une chose est sûre: Reliance Industries, premier groupe privé indien en termes de capitalisation, a d'immenses ambitions en matière de grande distribution. Le groupe a ouvert fin 2006 des supermarchés en Inde, où cette forme de distribution était jusque là à peu près inconnue. Il a créé ex-nihilo sa propre enseigne. D'ici à 2010, il veut y consacrer 2,2 milliards de dollars, et compte installer son enseigne Fesh dans 1.500 villes et localités d'Inde, soit un total 5.500 magasins.

S'allier à Carrefour tomberait donc sous le sens. Le groupe français tente depuis des mois d'ouvrir des supermarchés en Inde, mais a besoin de s'allier à un partenaire local, conformément à la réglementation locale. En février, un cadre de Carrefour avait ainsi assuré à l'AFP que le groupe était "proche" d'un accord dans le pays. Carrefour suivrait ainsi l'exemple du géant Wal-Mart, qui s'est associé fin novembre avec l'indien Bharti.

Ces accords de partenariat sont d'autant plus cruciaux que la législation locale en matière de grande distribution est extrêmement contraignante. Le pays protège farouchement son réseau de 15 millions de petits commerçants, l'un des plus importants du monde. Néanmoins, le gouvernement indien a récemment entrouvert la porte aux étrangers.

Reliance Industries, d'abord spécialisé dans la pétrochimie, a en tout cas les moyens de ses ambitions. Cette année, ses revenus devraient dépasser les 24 milliards de dollars, pour un résultat de 2,3 milliards. C'est en tout cas une nouvelle preuve de l'attractivité de Carrefour. Récemment, Groupe Arnault (holding personnel de Bernard Arnault) et Colony Capital ont fait une entrée surprise au capital du groupe, dont ils ont pris 10%, devenant ainsi les deuxièmes actionnaires, derrière la famille Halley, propriétaire de 13 % du capital. Et de nombreuses rumeurs font état d'un possible désengagement de la famille.