L'Europe se livre à de savants calculs pour réaliser les objectifs du Protocole de Kyoto

Par latribune.fr  |   |  441  mots
Entre 1990 et 2005, derniers chiffres disponibles, l'UE (à quinze) avait réduit de 2% ses émissions, en dépit d'une croissance économique de 35%. Bruxelles pense possible d'abaisser de 8% en moyenne les émissions européennes de CO2 par rapport à 1990, conformément au Protocole de Kyoto.

Les Etats membres de l'UE prévoient d'atteindre leurs objectifs de réduction d'émission de gaz à effet de serre (Ges) d'ici 2012 à condition de mettre rapidement en oeuvre les mesures qu'ils étudient, selon les projections de la Commission européenne qui viennent d'être rendues publiques. Dans le cadre du protocole de Kyoto, l'UE à 15 (avant l'élargissement) doit avoir réduit la moyenne de ses émissions sur la période 2008-2012 de 8% par rapport à 1990.

Entre 1990 et 2005, derniers chiffres disponibles, l'UE à quinze avait réduit de 2% ses émissions, en dépit d'une croissance économique de 35% sur la même période. Ce chiffre devrait grimper à 4% d'ici 2010 par la mise en oeuvre des politiques existantes, notamment les plans nationaux de quotas (Pnaq) de CO2 décidés pour la période 2008-2012. Ces plans attribuent des quotas aux industries "énergivores". 11.400 sites sont concernés, dont des centrales électriques, des papeteries, des usines sidérurgiques ..., responsables de la moitié des émissions de CO2 en Europe.

Comme ces efforts seront, à eux-seuls, insuffisants pour atteindre les objectifs prévus par le protocole de Kyoto, les pays concernés peuvent faire jouer une souplesse prévue par le traité consistant à se porter acquéreur de crédits d'émission résultant de projets de réduction d'émissions mis en oeuvre dans des pays du sud et financés par des pays du nord. Grâce à cette flexibilité, l'Europe devrait parvenir à une réduction totale de 6,5%.

A cela s'ajoutent les projets de reboisement pour absorber le CO2 de l'atmosphère. Ils permettraient de réaliser une réduction supplémentaire de 0,9%, soit au total 7,4%, c'est-à-dire 0,6% au-dessous de l'objectif de Kyoto.
Enfin, selon la Commission, si les Etats membres mettent en oeuvre des mesures actuellement à l'étude - comme en France celles du Grenelle de l'environnement - la réduction totale pourrait alors atteindre 11,4%. Reste à savoir si la mise en oeuvre des projets du Grenelle sera suffisamment rapide pour aboutir à des résultats tangibles à temps.

A en juger par le dernier bilan des émissions mondiales publié par la Convention cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques (Unfccc), l'Allemagne et le Royaume-Uni sont déjà sûrs d'atteindre leur objectif. Mais d'autres Etats membres tels que l'Espagne, l'Italie, la Finlande, le Portugal ou l'Autriche, auront du mal à combler leur retard. Sans mesures supplémentaires, l'Espagne affichera en 2010 près de 30% d'émissions en plus par rapport à 1990, au lieu des 15% autorisés pour son rattrapage économique. Grâce à la très controversée énergie nucléaire, qui assure près de 80% de son électricité, la France espère diminuer ses émissions de 3,4% alors que son objectif n'est que de 0%.