Malgré la polémique, le chiffre du chômage sera publié jeudi soir

Le Premier ministre s'attend à une poursuite de la baisse du chômage pour le mois de mars. Quarante économistes soutiennent la grève du personnel de la Dares pour demander la suspension de la publication du chiffre mensuel du chômage à partir de mars.

Le chiffre du chômage de mars sera publié par le ministère de l'Emploi jeudi soir comme prévu, indique celui-ci. La grève du personnel de la Dares, le service statistiques du ministère, n'y changera rien. Pas plus que la lettre ouverte de quarante chercheurs à Jean-Louis Borloo, dont les économistes Eric Maurin (Ecole des hautes études en sciences sociales), Bernard Gazier (Université de Paris I) et Thomas Piketty (Ecole d'économie de Paris). Comme le personnel de la Dares, ils réclament la suspension de la publication du chiffre du chômage qui, selon eux, sous-estime le nombre réel de personnes à la recherche d'un emploi en France.

Sans dévoiler le chiffre de mars, le Premier ministre Dominique de Villepin a indiqué jeudi sur France Info qu'il "imagine" que les statistiques officielles "vont dans le bon sens". Faisant mine de ne pas connaître ce chiffre, le Premier ministre a balayé d'un revers de main la polémique en cours depuis le début de l'année sur la fiabilité du chiffre mensuel du nombre de demandeurs d'emploi. Les chiffres publiés chaque mois "ne sont pas faits par le gouvernement mais sont indépendants et calculés de façon totalement indépendante par nos organismes statistiques", a affirmé Dominique de Villepin.

En février, le nombre de chômeurs en France (demandeurs d'emploi inscrits en catégorie 1, c'est-à-dire ayant travaillé moins de 78 heures le mois précédant, immédiatement disponibles et recherchant un CDI à temps plein) a diminué de 1% pour atteindre 2.066.100 personnes. Le taux de chômage au sens du BIT était de 8,4% de la population active fin février, mais Eurostat, l'office européen de statistiques, a corrigé ce chiffre à 8,8%. L'Unedic prévoit pour sa part un taux de chômage à 8,3% fin 2007 et 7,8% fin 2008, affirme son directeur général Jean-Pierre Revoil dans une interview à paraître dans La Croix vendredi.

Les chercheurs comme le personnel de la Dares ne mettent pas en cause l'indépendance des services statistiques chargés de calculer chaque mois le chiffre du chômage mais la fiabilité des données à partir desquelles ils se basent. "Le taux de chômage se calcule en France à partir de deux sources, l'enquête Emploi de l'Insee et les données administratives de l'ANPE", rappellent les chercheurs dans leur lettre ouverte au ministre de l'Emploi. Or l'Insee a annoncé en janvier le report de la publication de son enquête Emploi 2006 à l'automne au lieu de mars, au motif que les résultats statistiques recueillis sont "fragiles". Or l'enquête Emploi donne le taux de chômage définitif pour l'année. Pour les chercheurs, "les données de l'ANPE, à la suite de modifications administratives, ne sont plus en l'état exploitables" pour calculer le nombre réel de demandeurs d'emploi "et conduisent à une sous estimation forte du taux de chômage".

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