Le plafond de verre bloque les carrières féminines

Par latribune.fr  |   |  572  mots
Un colloque de la CFE-CGC confirme l'existence de barrières invisibles qui freinent les progressions professionnelles des femmes. Les responsables: les femmes sont absentes des lieux de pouvoirs économiques montre un rapport du Conseil économique et social, mais aussi certaines frilosités féminines comme le montre une enquête de l'Apec.

L'existence d'un "plafond de verre", qui bloque les femmes dans leur ascension verticale, était reconnue par tous les participants au colloque de la CFE-CGC organisé sur ce thème lundi dernier. Orientation scolaire différenciée, lourds préjugés, difficultés liées aux congés maternités et à la garde des bébés, moindre mobilité et gestion des carrière centrée autour de la période charnière des 30 ans expliquent entre autre cette ségrégation.

"Même quand elles arrivent à des haut niveaux, les filles sont majoritairement orientées vers des fonctions transversales comme la communication ou les RH. Tandis que les hommes accèdent à des postes opérationnels plus visibles, qui débouchent sur de plus hauts niveaux hiérarchiques", constate Laure Vinçotte, chef de projet diversité chez Gaz de France. Une touche d'espoir : la nouvelle génération semble plus équilibrée. La part des femmes cadres ainsi bondi de 20 % en 5 ans. Et Jean-Luc Vergne, le DRH de PSA, de claironner : "alors 94 % des cadres de plus de 50 ans sont des hommes, ils ne sont, chez les moins de 30 ans, que 73 %". Pour les dirigeantes, rendez-vous donc dans 20 ans.

7 % de femmes dans les CA des grands groupes

Ce plafond de verre est lié, d'une part, à la méconnaissance des besoins des femmes par les dirigeants des grandes entreprises et administrations. Les femmes percent peu dans les sphères dirigeantes. En 2007, dans les entreprises, les rênes du pouvoir sont toujours entre les mains d'une écrasante majorité d'hommes. C'est ce qui ressort du dernier rapport du Conseil Economique et Social, consacré à la place des femmes dans les lieux de décision. Ainsi, les patrons de plus de 10 salariés sont à 87 % des hommes, et seules 7 % de femmes siègent dans les conseils d'administration des grandes entreprises. Alors que seulement 37 % des cadres sont des filles, elles ne représentent que 17% des dirigeants. C'est encore pire dans la fonction publique d'état, où 90 % des postes d'encadrement supérieur sont accaparés par des hommes.

Ce plafond de verre est aussi lié à la posture psychologique des femmes elles-mêmes. L'Association pour l'emploi des cadres vient ainsi de mener pour la première fois, une enquête sur le thème de la "carrière" et de la notion de "réussite" auprès de femmes cadres, âgées de 40 à 45 ans. Trois types d'attitudes se distinguent nettement :

Pro-actives, opportunistes, suiveuses

Les "pro-actives" : elles vont de l'avant, rebondissent sur les opportunités qui s'offrent à elles et en provoquent d'autres. Ce sont des ambitieuse qui se rapprochent de modèles plus masculins. L'Apec relève toutefois qu'elles sont motivées par une quête personnelle plus que par une recherche de statut ou de bien-être matériel.

Les "opportunistes" : leurs aspirations sont moins exigeantes que celles des pro-actives. Mais, plus que ces dernières, elles ont fait leur parcours au sein d'une seule et même entreprise, généralement de taille suffisante pour offrir des perspectives d'évolution. Si elles quittent un employeur, elles ne sont jamais à l'initiative de ce changement.

Les "suiveuses" : leur carrière suit les hasards de la vie de leur entreprise et, parfois, de leur vie privée. Elles jugent cet état comme suffisamment confortable et compensant une
moindre progression de carrière. Certaines de ces suiveuses font preuve d'un réel manque de confiance en elles ou d'une grande frilosité face au changement et à la prise de risque.