L'Olympique Lyonnais se présente à la Bourse

Par latribune.fr  |   |  614  mots
Le club de foot a précisé les modalités de son introduction en Bourse. L'OL compte lever entre 84 et 100 millions d'euros. La cotation est prévue le 9 février. Rentable, l'OL compte faire exception dans le paysage des clubs européens cotés en Bourse.

Le coup d'envoi de l'entrée en Bourse de l'Olympique Lyonnais est donné. Dans la foulée de l'obtention du visa de l'Autorité des marchés financiers (AMF), Jean-Michel Aulas, à la tête du club de foot depuis 1987, a précisé les modalités de l'opération encore inédite en France. L'action "OL Groupe" est proposée entre 21 et 24,40 euros valorisant le club autour de 300 millions d'euros. Le club compte lever entre 84 et 100 millions via une augmentation de capital. Ce montant servira à financer en partie la construction d'un gigantesque complexe d'activité, "OL land" en périphérie de Lyon, intégrant un stade de 60.000 places, adossé à des commerces, hôtels et bureaux. Le projet prévu pour 2010 est chiffré au total entre 260 et 300 millions. L'OL compte aussi investir dans un deuxième centre de formation pour ses joueurs estimé entre 5 et 10 millions. Pour boucler le financement, OL dispose, outre la manne récoltée sur le marché, d'une capacité d'endettement de 150 millions.

D'ici au 9 février, un peu moins du tiers du capital du club lyonnais passera ainsi dans les mains du public. Le solde restera la propriété des actionnaires historiques, Pathé et Jean-Michel Aulas via sa holding ICMI qui conservera une minorité de blocage. Malgré l'écho médiatique de l'opération, le placement se destine essentiellement aux investisseurs institutionnels, "à 90% environ", anticipe le dirigeant du club, "mais nous nous adressons à tout le monde" s'empresse-t-il de préciser. Les supporters abonnés auront d'ailleurs une priorité de souscription.

Mais quoi qu'il advienne, celle-ci restera minime. Au-delà des réticences des supporters vis-à-vis des marchés financiers,- selon un sondage paru dans le journal l'Equipe en septembre dernier 58% des lecteurs déclaraient ne pas être intéressés par cet investissement- souscrire les actions d'un club de foot est réservé aux plus audacieux. A ce jour, les performances des clubs cotés en Europe se sont en effet avérées médiocres, voire catastrophiques.

Mais en arrivant sur les marchés après ses homologues européens, Jean-Michel Aulas entend faire la différence. Il a déjà à son actif une gestion rigoureuse "plutôt rassurante dans le milieu du foot", remarque un analyste. De fait, l'OL est une petite entreprise rentable. Sur l'exercice 2005-2006, le club a engrangé 166 millions de revenus pour un résultat d'exploitation de 25,8 millions et un résultat net de 15,9 millions. Surtout le dirigeant, également à la tête de la société informatique Cegid, applique des méthodes de gestion plutôt austère.

Evitant la "flambe" qui consiste à débourser des montants presque indécents pour s'emparer de joueurs starifié, il s'assure du "retour sur investissement" de ses sportifs. Aujourd'hui une dizaine d'entre eux a été formée à l'intérieur du club. Lors du mercato, Jean-Michel Aulas, parvient ainsi à échanger ses joueurs moyennant plus values. En 2005-2006, l'activité des transferts a généré 31,4 millions d'excédent d'exploitation, et le club chiffre déjà 28,8 millions sur l'année en cours. En outre, conscient de la volatilité de son activité, Jean-Michel Aulas s'échine à affranchir le club de ses résultats sportifs. 20% des revenus proviennent d'activités diversifiées. Le patron de l'OL précise ainsi aujourd'hui que son groupe n'est pas un club de foot "mais une société de loisirs et de divertissements".

Avec ce bilan, l'OL dispose a priori d'atouts à même de séduire la communauté financière. Quintuple champion de France, l'OL a aussi choisi le moment opportun pour son introduction. La direction n'en reste pas moins prudente concernant les perspectives, visant une progression annuelle du chiffre d'affaires (hors contrats joueurs) de l'ordre de 4 à 8% avec une marge stabilisée.