Les syndicats et la gauche critiquent le discours social de Sarkozy

Par latribune.fr  |   |  509  mots
FO juge "inacceptable la remise en cause de la durée légale du travail", tandis que pour la CGT "il va falloir penser à la mobilisation des salariés". Les socialistes dénoncent pour leur part un "catalogue de revendications du Medef" et un "discours de confrontation sociale".

Que feront les syndicats après les annonces de Nicolas Sarkozy en matière sociale? Seule la CGT évoque la question d'une "mobilisation des salariés", et encore, du bout des lèvres: "Il va falloir (y) penser", a indiqué son secrétaire général Bernard Thibault après le discours du chef de l'Etat mardi au Sénat. En fait celui-ci en a dit trop pour laisser les organisations syndicales impassibles mais trop peu pour provoquer une franche et unanime levée de boucliers de leur part. "Si on mesure nettement les remises en cause, on ne mesure pas les progrès éventuels et les jours à venir montreront si le dialogue est possible ou pas", estime FO.

Sur le fond, les syndicats sont hostiles aux réformes promises par le chef de l'Etat, car elles annoncent "de nouveaux tours de vis pour les salariés", selon FO, notamment en matière de retraites. La confédération de Jean-Claude Mailly juge en outre "inacceptable la remise en cause de la durée légale du travail", qui est une "revendication patronale". "Il y a une préparation psychologique à des efforts supplémentaires dans tous les domaines - temps de travail, financement, retraites - d'une seule partie, les salariés", renchérit Bernard Thibault. "C'est un discours qui me semble contenir un projet qui est loin de ce qu'on souhaite et de ce qu'on pense nécessaire", a estimé pour sa part Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU, sur France Info.

En ce qui concerne la méthode, les syndicats, pensent que le calendrier "imposé" pour les réformes est "impossible à tenir", selon François Chérèque, secrétaire général de la CFDT. "On ne fait pas cinq réformes sociales en France en même temps et à vouloir trop faire vite on va bâcler le travail", prévient-t-il. "Le chef de l'Etat a la possibilité de mettre au pas les parlementaires, il n'a pas la possibilité de dicter tout l'emploi du temps des organisations syndicales", estime pour sa part Bernard Thibault. Le président de la CGC Bernard Van Craeynest juge pour sa part "un peu surréaliste" la quantité de dossiers promise aux réformes.

Les réactions à gauche sont également négatives. Pour Henri Emmanuelli, député PS des Landes, "c'est la première fois quand même qu'est repris par le président de la République le catalogue de revendications du Medef". Le sénateur socialiste de l'Essonne Jean-Luc Mélenchon dénonce un "discours de confrontation sociale" qui met "la gauche au pied du mur". Pour Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée, le discours du président de la République mardi "est plutôt une série d'annonces de chantiers que de vraies mesures". Le députés PS de Paris Jean-Marie Le Guen craint pour sa part que la "politique faussement équitable" que laisse entrevoir Nicolas Sarkozy dans son "discours fourre-tout" dissimule "un plan caché pour notre assurance-maladie".