Climat : selon Nicolas Hulot, les Etats-Unis finiront par rejoindre les "objectifs contraignants" de l'après Kyoto

L'écologiste français Nicolas Hulot n'attend pas tout du prochain G8 en matière de lutte contre le changement de climat. Mais il estime que, démocrate ou républicain, le successeur de Georges Bush devra se rallier à des objectifs contraignants, sous la pression de l'opinion américaine.

La mobilisation internationale autour de la question du climat est un signe que "la position européenne finit par payer", estime Nicolas Hulot. "Ce qui se passe aujourd'hui est assez prévisible, et il faut raisonner maintenant dans l'après Bush", a déclaré le militant écologiste à La Tribune, en marge d'une réunion à Berlin d'un groupe d'experts dont il fait partie pour conseiller le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, sur la politique énergétique européenne en lien avec la lutte contre le changement climatique.

"Quel que soit le successeur [du président américain], qu'il soit démocrate ou républicain, il rejoindra les objectifs contraignants pour l'après Kyoto", veut-il croire. Il voit pour cela des signaux provenir "de l'intérieur des Etats-Unis où la pression monte dans l'opinion américaine, les milieux affaires et religieux", et le fait que beaucoup d'américains ont déjà payé un "lourd tribut aux aberrations climatiques".

Quelques minutes auparavant, José Munel Barroso avait affirmé lors d'un point avec la presse précédant le sommet du G8 à Heiligendamm que cette réunion devait "permettre un pas supplémentaire. Ce ne sera pas la fin, ni même le début de la fin, mais ce doit être la fin des balbutiements de notre lutte contre le changement climatique". S'agissant de la Chine et des Etats-Unis, qui ont chacun proposé leur initiative de protection du climat, il a estimé que "toutes les contributions sont les bienvenues, mais elles doivent être placées dans le cadre de l'Onu" qui chapeaute depuis l'origine les négociations sur le climat.

Si l'Europe joue aujourd'hui un rôle de leadership dans la politique de lutte contre le changement du climat, Nicolas Hulot le voit notamment dans le fait qu'en Grande-Bretagne, c'est Gordon Brown, le ministre de l'Economie et des Finances du Royaume-Uni et successeur annoncé de Tony Blair comme Premier ministre, qui a commandé le rapport Stern sur l'impact économique du changement climatique présenté en octobre 2006. D'autre part, "la chancelière allemande Angela Merkel est sur une ligne offensive, Nicolas Sarkozy veut en faire sa priorité, l'Union Européenne a des objectifs contraignants donc il va peut-être sortir quelque chose d'Heiligendamm", prévoit-il.

Les objectifs contraignants en matière de protection du climat sont importants selon Nicolas Hulot, car ils obligent à se mettre d'accord sur des niveaux d'émissions de gaz à effets de serre, alors que les Etats-Unis refusent pour le moment d'entrer dans cette logique. "Diviser par 4 ou 2 ces émissions pour certains Etats, cela se fera pas à la marge", note l'écologiste. Au-delà de fixer des quotas, il milite pour l'établissement d'une "taxe carbone" sur les émissions diffuses, c'est-à-dire liées au transport (aérien et maritime compris), au logement, à l'agriculture, mais n'est pas encore parvenu selon ses propres termes à rallier le président de la Commission sur ce sujet.

Nicolas Hulot ne sera pas présent ces prochains jours à Heiligendamm: "le vrai rendez-vous est à Bali", assure-t-il, en voulant s'impliquer dans les travaux préparatoires de la prochaine conférence de l'ONU à Bali (Indonésie) en décembre prochain. Celle-ci doit donner le départ de négociations pour un protocole de l'après Kyoto visant à lutter contre le changement climatique.

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