Assemblée agitée en vue pour Daimler

Par latribune.fr  |   |  616  mots
DaimlerChrysler réunit aujourd'hui à Berlin ses actionnaires pour voter son changement de nom, après la cession de Chrysler. De nombreux actionnaires veulent en profiter pour épingler la stratégie du groupe mise en place depuis dix ans. Par ailleurs, le groupe va devoir s'expliquer après les accusations de délit d'initiés autour de la vente de ses titres EADS en avril 2006.

Pour Manfred Bischoff, nouveau président du conseil de surveillance de DaimlerChrysler, l'assemblée du constructeur automobile ne devait être qu'une formalité. Mais la réunion extraordinaire des actionnaires qui se tient aujourd'hui à Berlin risque d'être aussi agitée que les réunions annuelles des dernières années.

Officiellement, les actionnaires doivent voter le changement de dénomination. Maintenant que le groupe a cédé 80,1% du capital de Chrysler au fonds Cerberus pour 5,5 milliards d'euros, rien de plus normal que de s'alléger et devenir Daimler. Un projet qui semblait évident mais qui ne fait pas que des heureux.

Certains, et notamment les héritiers Benz, auraient voulu reprendre le nom Daimler-Benz AG d'avant la fusion malheureuse avec le constructeur américain. Après tout, le groupe est né du mariage en 1926 de la société du pionnier allemand de l'automobile Carl Friedrich Benz avec celle de Gottlieb Daimler. "Daimler sans Benz c'est comme une voiture sans moteur" a indiqué au quotidien Die Welt, Heidemarie Hirsch, une descendante de la famille Benz.

D'autres estiment que les dépenses liées au changement de nom sont superflues et veulent obtenir qu'un expert fasse un rapport précis sur le coût. Car le changement de nom relève de toute une organisation. A la fin de l'assemblée générale, le groupe allemand va présenter son nouveau logo et dès vendredi, il commencera à démonter les enseignes et panneaux pour les remplacer.

Papiers à lettre, cartes de visite mais aussi toutes les combinaisons des ouvriers, les tee-shirts, les badges, 170.000 adresses internet, comme le nom de quelque 200 filiales dans les registres du commerce dans le monde entier, vont devoir être modifiés. 200 personnes travaillent au projet "Name change" depuis des semaines. Un budget au total qui dépasse nettement les 50 millions d'euros mais jugé nécessaire puisqu'il s'agit pour le groupe d'ouvrir un nouveau chapitre de son histoire.

Certains actionnaires auraient même voulu aller plus loin: quitte à changer de nom, le constructeur aurait dû en profiter au passage pour se transformer en société européenne (SE), comme l'on fait MAN Diesel, Allianz et bientôt BASF.

D'autres enfin veulent convaincre Daimler de revenir à Stuttgart pour ses assemblées générales. Son ancien président, Jürgen Schrempp, avait imposé la capitale fédérale allemande après la fusion avec Chrysler. Le déménagement avait eu l'avantage de réduire très sensiblement les frais puisqu'au lieu des 18.000 actionnaires présents à Stuttgart seuls 8.000 environ venaient assister à la grand-messe annuelle ces dernières années à Berlin. Aujourd'hui, le groupe table sur moins de 6.000 présents.

Mais les altercations les plus violentes devraient venir d'Eckkehard Wenger. Depuis le départ, cet actionnaire critique s'était opposé au mariage avec Chrysler. Aujourd'hui, il réclame un bilan précis de cette "fusion entre égaux" décidée par Jürgen Schrempp en 1998 et concoctée avec l'appui de Goldman Sachs qui, d'après lui, a fait perdre des milliards aux actionnaires.

Si ce changement semble accaparer les actionnaires, ces derniers devraient néanmoins souhaiter des précisions des dirigeants du groupe après les révélations hier du Figaro sur le présumé délit d'initiés au sein du groupe européen EADS, dont la firme de Stuttgart est l'un des principaux propriétaires aux côtés de Lagardère. D'autant que Manfred Bischoff était à l'époque co-président du conseil d'administration d'EADS. Dans l'entourage de Daimler, on laisse entendre qu'il ne faut pas s'attendre à des réponses précises. Au sein du groupe on estime que tant qu'il n'y a pas d'accusations, il n'y a aucune raison de s'affoler.