La France espère ramener de Chine une moisson de contrats

Par latribune.fr  |   |  747  mots
Le voyage présidentiel de Nicolas Sarkozy en Chine devrait permettre de renforcer les liens économiques entre les deux pays, grâce à de nouveaux partenariats signés avec les entreprises françaises. Areva pourrait ainsi finaliser son contrat pour deux réacteurs EPR, tandis que Airbus devrait remporter une méga commande de 100 à 150 appareils.

Alors que Nicolas Sarkozy entame dimanche une visite de trois jours en Chine, ce première voyage du Président de la République dans l'ancien empire du Milieu s'annonce d'ores et déjà éminemment stratégique. La France espère bien en effet "signer d'importants contrats", selon le porte-parole de l'Elysée, David Martinon.

"Nous voulons établir avec la Chine une relation forte, au moment où les relations entre Pékin et certains pays occidentaux ont tendance à se tendre", affirme ainsi l'Elysée, qui ajoute : "L'Eldorado chinois attire massivement les entreprises françaises (800 implantées dans le pays) mais nous avons un effort de rattrapage à accomplir".

Pour l'occasion, Nicolas Sarkozy devrait emmener, outre sept ministres et secrétaires d'Etat, une quarantaine de chefs d'entreprise français. Parmi eux, Anne Lauvergeon (Areva), Patrick Kron (Alstom), Louis Gallois (EADS), ou encore Pierre Gardonneix (EDF), soit quatre entreprises en première ligne dans les négociations qui vont se dérouler lors de ces trois jours en Chine.

Après avoir vu l'américain Westhinghouse remporter sous son nez un contrat pour quatre réacteurs nucléaires en décembre 2006, Areva entend bien finaliser le "partenariat global" que négocie le groupe depuis plusieurs années avec l'opérateur China Guangdong Nuclear Power Corp (CGNPC). Ce contrat porte sur la vente de deux réacteurs nucléaires EPR pour un montant d'environ six milliards d'euros, un contrat qui sera d'ailleurs libellé pour la première fois en euros, selon des sources proches du dossier.

Outre la vente de deux réacteurs EPR dits de troisième génération, ce partenariat pourrait également porter sur tout l'amont du cycle - de la fourniture de l'uranium à la fabrication du combustible - pour au moins une quinzaine d'années, dit-on de sources proches des négociations, soit un contrat d'environ 1,5 milliard d'euros.

Ce partenariat d'Areva ouvre la voie à d'autres intervenants dans le domaine de l'électronucléaire, comme Alstom et EDF. Alors que le spécialiste d'infrastructures d'énergies et de transports pourrait finaliser plusieurs commandes, l'électricien français a lui bon espoir de signer avec CGNPC un accord lui permettant de prendre une part significative, évaluée à 30%, de l'opérateur qui exploitera les deux réacteurs livrés par Areva.

Un autre gros contrat est également particulièrement attendu dans le domaine de l'aéronautique. Louis Gallois, PDG d'EADS maison mère d'Airbus, et Fabrice Brégier, numéro deux d'Airbus, ne devraient pas revenir les mains vides de Pékin. Selon les informations de la Tribune de ce vendredi, la Chine devrait en effet acquérir de 100 à 150 Airbus, notamment une centaine d'appareils appartenant à la famille A320.

Les compagnies chinoises sont également intéressées par des long-courriers de la famille des A330, peut-on lire dans la Tribune. En revanche, le très gros porteur d'Airbus, l'A380, ne bénéficierait d'aucune nouvelle commande, "en dépit de nombreuses rumeurs".

Si cette commande est confirmée, il s'agira de la troisième méga commande de Pékin en faveur d'Airbus: 150 avions de la famille A320 à l'automne 2005, puis 150 nouveaux appareils de la même famille en octobre 2006.

D'autres sources proches du dossier indiquent également que le laboratoire Sanofi-Aventis devrait signer lundi un accord en Chine pour la construction d'une nouvelle usine de vaccins anti-grippaux. Le groupe pharmaceutique possède déjà trois usines de production de médicaments en Chine à Shenzhen, où devrait être aussi située le nouveau site, à Pékin et à Hangzhou.

De plus, selon nos confrères des Echos, l'équipementier télécom Alcatel-Lucent et le géant français du transport de conteneurs CMA CGM pourraient également voir entérinés des accords de développement.

L'autre grand dossier de la visite de Nicolas Sarkozy en Chine portera sur les questions d'environnement et de développement durable. Là encore, les entreprises françaises espèrent briller telles Suez et Veolia, dont les PDG respectifs, Gérard Mestrallet et Henri Proglio, feront partie du voyage.

Le dossier épineux de la propriété intellectuelle devrait également être à l'ordre du jour. Paris prendrait ainsi la défense des groupes Danone et Schneider, engagés chacun dans des conflits juridico-économiques avec des partenaires chinois.

Enfin, comme il l'avait fait à Washington, le président français plaidera auprès des autorités chinoises pour la réévaluation du yuan, afin de rééquilibrer la balance commerciale très déficitaire (-16 milliards d'euros en 2006) entre les deux pays.