Londres s'en prend au "nationalisme économique" de Nicolas Sarkozy

Par latribune.fr  |   |  394  mots
Le nouveau ministre des Finances britannique Alistair Darling critique le nationalisme économique "qui n'a qu'un nom, le protectionnisme". Le Financial Times voit en cette attaque une charge contre la politique économique de Nicolas Sarkozy.

"Je ne crois pas au nationalisme économique, je pense que c'est une absurdité", c'est ce qu'a déclaré Alistair Darling, le nouveau Chancelier de l'Echiquier, dans sa première interview ce mercredi dans le Financial Times. Pour le quotidien économique britannique, cette attaque coïncide avec la réponse de la Banque Centrale Européenne (BCE) aux critiques de Nicolas Sarkozy sur la politique du taux change de Bruxelles. Et de rappeler ainsi les propos de Lorenzo Bini Smaghi, membre du conseil exécutif de la BCE, qui répondait mardi au discours de Nicolas Sarkozy à Strasbourg. Celui-ci s'est invité, de façon exceptionnelle, au conseil des ministres des Finances de la zone euro le 9 juillet pour tenter de convaincre personnellement ses partenaires que Paris sera "au rendez-vous de la réduction de l'endettement et des déficits".

"La politique de changes de la zone euro, pilotée par la BCE, est plus efficace que celle menée par les Etats-Unis ou le Japon et pourrait davantage l'être si les Etats membres parlaient d'une seule voix sur l'euro", a jugé mardi le membre du directoire de la BCE selon le texte d'un discours prononcé à Rome et diffusé à Francfort.

Le président de la République française a "critiqué plusieurs fois lors de sa campagne l'indépendance de la BCE et un euro 'trop fort' qu'il souhaite voir descendre, soulignant qu'au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et en Chine, les banquiers centraux entretenaient des contacts fréquents avec les dirigeants politiques", a rappelé Lorenzo Bini Smaghi. Pour le Financial Times, le discours du membre du directoire de la BCE souligne la résistance à laquelle va faire face Nicolas Sarkozy s'il essaye de réécrire la politique économique de l'Union Européenne.

"Il y a une bataille idéologique en Europe entre ceux qui cherchent à protéger leurs économies et ceux qui veulent être ouverts et plus libéraux", ajoute le ministre britannique qui appelle l'Europe à continuer le processus de libéralisation commencé en 2000 à Lisbonne.

Une libéralisation qui a engagé les Etats membres à des réformes de marché et à la création d'une "économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique au monde d'ici à 2010". Ainsi la bataille idéologique peut se résumer à "ceux qui croient sincèrement au processus de Lisbonne et ceux qui n'y croient pas", ajoute Alistair Darling.