Telecom Italia reste généreux avec ses actionnaires malgré une baisse de son bénéfice

Par latribune.fr  |   |  575  mots
La direction du géant italien des télécoms a évité un conflit ouvert avec son principal actionnaire, Pirelli, en proposant de distribuer à ses actionnaires 92 % de son bénéfice annuel en recul de 6,3 %.

Le géant italien des télécoms Telecom Italia a vu son bénéfice fondre de 6,3 % l'an dernier à 3,014 milliards d'euros, a annoncé le groupe ce jeudi après-midi à l'issue d'un conseil d'administration. Elément crucial des relations entre le nouveau patron du groupe depuis septembre dernier, Guido Rossi et son prédécesseur et toujours actionnaire principal, Marco Tronchetti Provera (patron de Pirelli), la politique de dividende devrait rester inchangée. A l'assemblée générale fixée à la mi-avril , sera proposé "la distribution d'un dividende en ligne avec l'année précédente", pour un montant total de 2,78 milliards d'euros. Plus de 92 % du bénéfice net 2006 serait ainsi distribué aux actionnaires. De quoi rassurer Marco Tronchetti Provera, qui doit pouvoir, avec ce dividende, rembourser la dette de son holding financier Olimpia.

La question est toutefois posée de savoir comment Telecom Italia compte financer tant les importants investissements qu'il doit réaliser pour se maintenir sur le marché (notamment dans un réseau de fibre optique) que la réduction de sa dette.

Ce vendredi, les dirigeants de Telecom Italia doivent présenter à Milan à la communauté financière et à la presse leur plan industriel triennal. Ils devront expliquer comment ils entendent mener de front les défis de l'investissement et de la réduction de la dette. Des explications sur les négociations avortées avec son concurrent espagnol Telefonica en vue d'un rapprochement sont aussi attendues.

Même diminuée de 2,5 milliards d'euros l'an dernier, la dette du groupe s'élève encore à 37,3 milliards d'euros. Et Telecom Italia s'est engagée à la réduire à 33,5 milliards d'ici la fin de cette année. Or le conseil d'administration a aussi exclu de céder sa filiale de téléphonie mobile brésilienne, malgré des offres de rachat, ce qui lui aurait permis de remplir sa caisse.

Ironie du sort, c'est la filiale brésilienne de téléphonie mobile, TIM Brazil, qui enregistre la plus belle performance du groupe avec un chiffre d'affaires bondissant de 23,4 % sur un an, apportant 677 millions d'euros de recettes supplémentaires.

Au total le chiffre d'affaires du groupe, corrigé des effets de change a progressé de 2,9 % en 2006 par rapport à 2005, s'élevant à 31,275 milliards d'euros.

Sur son principal marché, en Italie, l'ancien monopole des télécoms voit en effet se réduire ses recettes dans la téléphonie fixe. L'activité de téléphonie fixe a ainsi diminué de 7,8 % l'an dernier : "en raison de la réduction du trafic par érosion de la téléphonie fixe vers la téléphonie mobile et à cause des changements dans la régulation du secteur" explique le groupe dans son communiqué. Les recettes de sa filiale italienne mobile, numéro un du secteur avec 40 % de parts de marché (32,4 millions de clients) , ont augmenté de seulement 1,3 % en 2006.

Cette baisse du chiffre d'affaires dans le fixe est seulement en partie compensée par la croissance dans l'Internet haut débit (+11,5 % en un an), pour lequel Telecom Italia compte en Italie 5,6 millions d'abonnés. Sur ses trois autres marchés de référence européens pour l'Internet haut débit (France, Allemagne et Pays-Bas), le CA, à périmètre constant, a augmenté de 40,1 % : soit au total un portefeuille de 1,9 millions d'abonnés dans ces trois pays. L'essentiel des investissements réalisés par Telecom Italia l'an dernier (3 milliards d'euros) ont en effet été effectués sur ces trois marchés.