Le niveau de vie des agriculteurs français décline

Par latribune.fr  |   |  424  mots
En recul depuis 1997, le niveau de vie des agriculteurs est tombé en 2003 à un niveau de 10 à 15% inférieur à celui de la moyenne des ménages. De plus en plus de conjoints d'agriculteurs ont un travail salarié.

La présentation par l'Insee d'un ouvrage consacré au secteur primaire ne devrait pas laisser insensibles les agriculteurs. Leurs revenus ont en effet fortement reculé par rapport à la moyenne des Français depuis 1997. Alors supérieur de 25% à celui des autres ménages, il ne les dépassait que de 5% en 2003, à 29.900 euros. Et comme les familles d'agriculteurs sont plus grandes que la moyenne (3,2 personnes contre 2,4), leur niveau de vie s'inscrit à un niveau inférieur de 10 à 15% à celui de la moyenne des ménages en 2003. Un déclin attribuable au recul des revenus purement agricoles (dont 60% sont des aides), que les revenus d'activités non agricoles en forte hausse n'ont pas pu compenser.

De fait, les conjoints d'agriculteurs sont de plus en plus nombreux à occuper une fonction salariée hors de l'exploitation. L'exploitation traditionnelle familiale se perd... Désormais, c'est un foyer agricole sur trois qui comptabilise une part conséquente de revenus provenant de l'extérieur.

Les multiples défis auxquels est aujourd'hui confrontée l'agriculture française n'augurent rien de bon pour l'avenir. Alors qu'elle était prévue en 2013, une nouvelle réforme de la PAC, remettant en cause le niveau des subventions, pourrait intervenir en 2009 lors du réexamen des budgets européens.

"Pour l'heure, les effets simulés de la réforme de la PAC en 2003, qui instaure le découplage, c'est-à-dire l'attribution d'une enveloppe d'aide aux exploitants indépendamment de leur production, conduit à une régression des productions en grande culture, et à une baisse des exportations", constate l'Insee.

De plus, la France souffre de la concurrence internationale, notamment de pays comme l'Argentine et le Brésil. Les pertes de parts de marché ont conduit à une détérioration de l'excédent commercial, passé de 10 à 8 milliards d'euros entre 1997 et 2005.

Autre défi, celui de la mondialisation. "Mais les aides découplées ne sont pas incluses dans les aides que Bruxelles propose de baisser de 75% dans le cadre des négociations du cycle de Doha", indique Jean-Pierre Butault, de l'Inra (Institut national de la recherche agronomique). Du coup, ce n'est pas le volet du soutien interne mais celui des droits de douane qui s'avère le plus problématique. Sur ce sujet, l'Union européenne propose de réduire de 50% son droit de douane moyen.

Une proposition jugée insuffisante par certains pays partenaires. Selon l'Insee, s'il était concrétisé, un accord dans le cadre du cycle de Doha aurait pour conséquence d'abaisser les prix pour les consommateurs mais entraînerait aussi des reculs possibles de la production et des exportations.