Echec des négociations des quatre grands de l'OMC à Potsdam

Par latribune.fr  |   |  490  mots
L'Inde et le Brésil ont claqué la porte des négociations. Les Occidentaux considèrent que les exigences agricoles de ces deux pays ne permettent pas de trouver un "terrain possible de convergence".

Les négociations sur la libéralisation du commerce entre les quatre grands acteurs de l'OMC, Etats-Unis, Union européenne, Inde et Brésil, à Potsdam en Allemagne, ont échoué ce jeudi faute de rapprochement sur les aides agricoles et l'ouverture des marchés aux produits industriels. "Il était inutile de poursuivre les négociations compte tenu de ce qui est sur la table", a déclaré à la presse le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim, en compagnie du ministre indien du Commerce, Kamal Nath. Les délégations brésilienne et indienne ont par conséquent décidé de claquer la porte des négociations, prévues initialement pour durer potentiellement jusqu'à samedi.

Celso Amorim a précisé que l'agriculture, principale pomme de discorde du cycle de négociations de Doha lancées en 2001 dans la capitale du Qatar, avait été à l'origine de l'échec de la rencontre avec le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, et la représentante américaine pour le Commerce, Susan Schwab. L'UE ne peut négocier avec ses partenaires de l'OMC en étant "prêts à offrir beaucoup" mais "avec trois fois rien en retour", a commenté de son côté le commissaire européen Peter Mandelson.

Selon un responsable européen interrogé à Bruxelles par l'AFP, les négociateurs de l'OMC n'ont pas pu trouver de "terrain possible de convergence" en raison d'exigences "allant au-delà des limites" du Brésil et de l'Inde en matière agricole et du refus en retour des pays émergents d'ouvrir suffisamment leurs marchés aux produits industriels. Peter Mandelson a précisé qu'il aurait été prêt à mettre sa "dernière carte" sur la table des négociations en matière agricole, sans préciser la nature de cette offre, mais qu'il y a renoncé en constatant qu'un tel geste n'aurait suscité aucune concession de ses partenaires.

Les offres mises sur la table par les quatre grands acteurs de l'OMC n'auraient de toute façon pas "généré de nouveaux échanges" dans le monde, a fait valoir pour sa part jeudi la représentante américaine pour le Commerce, Susan Schwab, qui s'est dite "profondément déçue" de l'absence d'avancées. L'échec de Potsdam met sérieusement en péril le cycle de négociations de Doha, alors que le temps est compté : un accord sur les grandes lignes de la négociation est indispensable dans les prochaines semaines si les 150 pays membres veulent tenir leur engagement de boucler les travaux fin 2007. Au-delà, les discussions risquent d'être figées pour longtemps du fait de l'élection présidentielle américaine de 2008.

Depuis le début, les négociateurs tentent de résoudre une équation quasi-impossible : obtenir des Occidentaux qu'ils ouvrent davantage leurs marchés aux produits agricoles en provenance des pays émergents afin que ceux-ci, en retour, lèvent un peu leurs barrières pour les productions industrielles des pays riches.