Nicolas Sarkozy en appelle à "tous les Français de bonne volonté"

Par latribune.fr  |   |  1029  mots
Nicolas Sarkozy a invité dimanche soir "tous les Français de bonne volonté" à "s'unir" à lui pour le porter à la présidence de la République le 6 mai. "Je ne souhaite qu'une chose : rassembler le peuple français autour d'un nouveau rêve français", a déclaré devant ses partisans le candidat de l'UMP, qui est arrivé en tête du premier tour de l'élection présidentielle. La tribune.fr publie sa déclaration.

Mes chers compatriotes, ce soir, le peuple de France s'est exprimé. Il s'est exprimé avec clarté. Après tant de scrutins marqués par la montée de l'abstention, ce premier tour de l'élection présidentielle est une victoire pour notre démocratie. En se rendant massivement aux urnes, les Français ont exprimé leur volonté de ne laisser personne décider à leur place.

En me plaçant en tête de ce premier tour et en plaçant Mme Royal en deuxième position, ils ont marqué clairement leur souhait d'aller au bout du débat entre deux idées de la nation, deux projets de la société, deux système de valeur, deux conceptions de la politique.

Ce débat, nous avons la responsabilité, Mme Royal et moi, de faire en sorte qu'il se déroule dans la clarté, dans la sincérité, dans le respect des personnes. Nous avons le devoir de" donner à travers ce débat une image de dignité, qui soit à la hauteur de la dignité de la fonction présidentielle. Pour ma part, je ne changerai pas de ligne de conduite. Je veux dire à Mme Royal que je la respecte, que je respecte ses convictions, et que je souhaite que le débat de second tour soit véritablement un débat d'idées. Les Français l'attendent depuis trop longtemps, les Français le réclament avec trop de force pour que ce débat d'idées soit dénaturé.

Alors, aux 11 millions d'électeurs qui ont voté pour moi au premier tour parce qu'ils se sont reconnus dans les idées que j'ai exprimées, je veux dire "merci", un merci qui vient du plus profond de mon coeur. Ils m'ont fait confiance, je veux leur dire que je ferai tout pour être digne de cette confiance. Tout au long de la campagne, j'ai souhaité m'adresser à tous les Français bien au-delà des partis, j'ai voulu parler à ceux auxquels on ne parlait plus. J'ai voulu parler aux travailleurs, aux ouvriers, aux employés, aux artisans, aux agriculteurs, à la France qui donne beaucoup et qui ne reçoit jamais rien, à la France qui est exaspérée et qui souffre, celle des banlieues en difficulté, des bassins industriels en déclin, des cantons ruraux abandonnés. J'ai voulu mettre au coeur de la politique des valeurs qui me sont chères: l'identité de la nation, l'autorité, le travail, le mérite. J'ai voulu parler de morale. J'ai proposé la revalorisation du travail, l'école de l'excellence, la moralisation du capitalisme financier, la révolution du développement durable.

J'ai dit que ma priorité est de donner à chacun le moyen d'accomplir ses rêves, de réaliser ses ambitions, de réussir sa vie: ces principes sont le fondement de mon projet politique. Quels que soient les obstacles, je n'y renoncerai jamais. Je ne les renierai jamais parce que je suis profondément convaincu que l'avenir de la France, sa prospérité, sa place dans le monde en dépendent, comme en dépend le bonheur des Français. Alors, dans les quinze jours qui restent avant le second tour, je veux dire à tous les Français qui ont peur de l'avenir, qui se sentent fragiles, vulnérables, qui trouvent la vie de plus en plus lourde, de plus en plus dure, je veux dire à tous ces Français que je veux les protéger.

Je veux les protéger contre la violence, je veux les protéger contre la délinquance, mais je veux les protéger aussi contre la concurrence déloyale, contre les délocalisations, contre la dégradation de leurs conditions de travail, contre l'exclusion. Je veux redonner aux Français le goût d'entreprendre, d'innover, le goût de l'aventure, et pourquoi pas, le goût du risque. Je veux pouvoir parler aux Français de protection sans être accusé de protectionnisme, je veux pouvoir parler de la nation française sans être accusé de nationalisme, au fond, je veux parler à tous ceux que la vie a brisés, je veux parler aux accidentés de la vie. Je veux parler à ceux de nos compatriotes que la vie a usés, à ceux qui sont dans la détresse, je veux parler aux malades, aux handicapés, aux personnes âgées, à ceux qu'une pression trop forte a épuisés, à tous ceux qui ont trop souffert. Et bien moi, je veux leur redonner l'espérance.

Chacun a droit à l'espérance. Je veux leur dire que la France dont je rêve est une France qui ne laissera tomber personne, une France qui est comme une famille, où le plus faible, le plus vulnérable, le plus fragile a droit à autant d'amour, autant de respect, autant d'attention que le plus fort. Une France où même dans celui qui n'a plus de force, on reconnaît la dignité de l'homme et du citoyen. Je veux m'adresser à tous les Français pour leur dire que la société du plein emploi est à mes yeux un moyen parce que l'objectif, c'est la société de la pleine citoyenneté. Au fond, mes chers compatriotes, je ne souhaite qu'une chose: rassembler le peuple français autour d'un nouveau rêve français.

Un rêve français qui est celui d'une république fraternelle, où chacun va trouver sa place, où personne n'aura plus peur de l'autre, où la diversité sera vécue non comme une menace mais comme une richesse. Cette France fraternelle dont je rêve, c'est la France qui m'a vu naître et c'est celle qui m'a tout donné. Je lui dois tout. Eh bien, est venu le temps pour moi de rendre à la France qui m'a tout donné tout ce que je peux lui donner moi-même. Cette France fraternelle, ce rêve français, j'invite tous les Français de bonne volonté, quelles que soient leurs origines, quelles que soient leurs croyances, quel que soit leur parti, à s'unir à moi pour qu'ensemble nous puissions la bâtir. Mes chers compatriotes, je vous le dis du fond du coeur, vive la République, et par-dessus tout, vive la France.