La question des changes au coeur des relations sino-européennes

Par latribune.fr  |   |  443  mots
Le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, a annoncé la création d'un groupe de travail avec la banque centrale chinoise "sur les questions de change". Selon un quotidien de Hong Kong proche de Pékin, le gouvernement chinois serait parvenu à un consensus sur le besoin de laisser le yuan s'apprécier plus rapidement.

Simple effet d'annonce ou véritable volonté politique? S'il est encore trop tôt pour le dire, les dernières nouvelles en provenance de Chine ne manqueront pas de renforcer la spéculation autour de l'appréciation du yuan. Ce matin, le quotidien de Hong Kong Kung Pao, un journal proche de Pékin, indique que le gouvernement chinois est parvenu à un consensus sur le besoin de laisser le yuan s'apprécier plus rapidement mais s'interroge encore sur les moyens d'y parvenir.

Le quotidien évoque (sans citer de sources) deux propositions de la banque centrale chinoise pour ajuster sa politique de changes: élargir la marge de fluctuation autorisée du yuan face au dollar, pour la porter à plus ou moins 0,8%-1%, ou bien mener une autre réévaluation de la devise chinoise. "Les départements concernés dépendant du Conseil d'Etat sont parvenus à un consensus; le taux de change du yuan nécessite effectivement une appréciation supplémentaire et un ajustement", écrit le journal. Tout changement de politique, une fois décidé, serait annoncé à l'occasion de la rencontre, en décembre, entre les Etats-Unis et la Chine, ou alors aux alentours de la session annuelle du Parlement chinois, en mars prochain.

Par ailleurs, le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, a annoncé la création d'un groupe de travail avec la banque centrale chinoise "sur les questions de change". La délégation européenne composée de Jean-Claude Trichet, Jean-Claude Junker, président de l'Eurogroupe, et Joaquin Almunia, commissaire européen aux Affaires économiques, était venue exprimer ses inquiétudes à Pékin sur la sous-évaluation du yuan et l'avantage indu qu'elle confère aux exportations chinoises. Récemment, Jean-Claude Junker chiffrait entre 20 et 25% cette sous-évaluation.

Après deux jours de discussions avec les autorités chinoises, MM. Trichet et Juncker ont tenu une conférence de presse à l'occasion de laquelle ils ont plaidé pour une accélération de l'appréciation du yuan contre l'euro. L'occasion de rappeler que un "yuan plus fort contre l'euro serait bon pour la Chine comme pour la prospérité mondiale", du côté du président de la BCE, tandis que de son côté, Jean-Claude Juncker formulait des menaces à peine voilées. Pour lui, la poursuite de la baisse du yuan contre l'euro pourrait alimenter des réflexes protectionnistes en Europe.

Ces six dernières années, le déficit européen vis-à-vis de la Chine a plus que doublé à 131 milliards de dollars. En deux ans, le yuan s'est apprécié de 11,5% vis-à-vis du dollar, mais s'est déprécié de 9% vis-à-vis de l'euro.