Mobilisation générale autour de la crise des marchés

Jusqu'où la crise financière mondiale déclanchée par les difficultés du marché américain des prêts immobiliers ("subprime") va-t-elle aller? La journée de jeudi ne donne aucun signe d'apaisement, bien au contraire. Après une matinée marquée par de très fortes chutes en Asie (près de 2% à Tokyo, 3,3% à Hong Kong, 6,9% à Séoul...), l'Europe a embrayé dans le même registre. La Bourse de Paris a ainsi enfoncé la barre des 5.300 points, perdant près de 3% dans l'après-midi. Et à New York, la tendance était elle aussi négative dans l'après-midi, avec un repli du Dow Jones de plus de 1%.Face à ce qui ressemble de plus en plus à un vent de panique généralisé, les autorités du monde entier tentent de réagir. Dernière initiative en date, cet après-midi: celle de la Réserve fédérale américaine, qui a procédé à deux interventions successives sur les marchés pour tenter d'éviter tout risque d'assèchement des liquidités. Elle a ainsi injecté successivement 5 puis 12 milliards de dollars dans le système bancaire américain. Pour la Fed, il s'agissait notamment de répondre aux inquiétudes des marchés face à une possible évaporation des crédits disponibles. Dernière signe inquiétant à cet égard: Countrywide Financial, leader des prêts immobiliers hypothécaires, a annoncé aujourd'hui avoir tiré une ligne de crédit de 11,5 milliards de dollars pour assurer son refinancement. Autrement dit, l'établissement a dû faire appel à des filets de sécurité négociés préalablement avec ses banquiers, ne pouvant plus se refinancer normalement sur le marché. Une initiative propre, donc, à conforter les craintes de tous ceux qui redoutent des défauts en série chez les établissements financiers affectés par la crise des prêts immobiliers.Dans ce climat de plus en plus pesant, les pouvoirs publics tentent de faire entendre leur voix pour appeler au calme. C'est ainsi que Nicolas Sarkozy a pris l'initiative d'écrire à Angela Merkel, la chancelière allemande, qui préside actuellement le G7 des pays les plus industrialisés. Objectif : demander que le G7 travaille à instaurer une meilleure transparence sur les marchés, condition essentielle, selon lui, de leur bon fonctionnement. Des préoccupations qui rejoignent celles exprimées par la Commission européenne, qui s'interroge notamment sur l'insuffisance du travail des agences de notation face aux difficultés actuelles.Autre signe que les événements sur les marchés sont prix très au sérieux, la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, est rentrée aujourd'hui de vacances pour faire le point avec ses services sur l'ampleur de la crise et ses conséquences.Officiellement, on ne redoute pas, pour l'heure, en France d'impact sur l' "économie réelle". Selon Nicolas Sarkozy, la crise financière ne devrait pas affecter durablement la croissance. Mais le secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson, estime pour sa part que les remous financiers vont "pénaliser le taux de croissance" de l'économie américaine. S'exprimant dans une interview au Wall Street Journal, il considère toutefois que l'économie est assez forte pour éviter une récession.Reste qu'aux Etats-Unis, l'économie réelle est bien touchée. Le département du Commerce a publié aujourd'hui des chiffres qui confirment l'ampleur de la crise dans l'immobilier: les mises en chantier et les permis de construire sont tombés au plus bas depuis plus de dix ans en juillet aux Etats-Unis. Et une autre mauvaise nouvelle est tombée dans l'après-midi: l'activité industrielle dans la région de Philadelphie a marqué un sérieux coup d'arrêt en août. Selon l'indicateur mensuel de la Fed de Philadelphie publié jeudi, l'indice d'activité est tombé à zéro, au plus bas depuis décembre 2006, contre 9,2 en juillet. Les économistes interrogés par Reuters tablaient en moyenne sur une baisse modérée, à 9,0. Le niveau de zéro marque la frontière entre une activité en expansion et en récession.Autant de nouvelles qui ne devraient pas contribuer à ramener le calme dans les esprits.
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