Ancrage à gauche ou recentrage : le PS cherche sa voie

Cent jours après sa défaite aux élections présidentielles, le Parti socialiste n'en finit plus d'étaler au grand jour ses divisions alors que s'ouvre la semaine prochaine sa traditionnelle université à la Rochelle. Trois jours de débats et d'ateliers sur le thème du "Diagnostic pour la rénovation" lors desquels les socialistes tenteront d'y voir plus clair sur le chemin politique à suivre. Un rendez-vous "totalement dépassé" pour Gaëtan Gorce, député PS de la Nièvre, qui parle de "carnaval de déclarations", de "bal des procureurs" et de "sorte de concours des mondanités socialistes".Jean-Luc Mélenchon, sénateur socialiste de l'Essonne, ne fera pas le déplacement, jugeant qu'il ne s'agit que d'une "cérémonie mondaine à usage personnel du premier secrétaire". Très critique envers son parti, "réduit à une compétition d'egos et à une bouillie intellectuelle sur le thème de la rénovation", il plaide pour une opposition plus marquée à la politique de Nicolas Sarkozy. "Chaque fois qu'il faut mettre en cause la politique de classe de Sarkozy, le PS semble embarrassé", estime-t-il. "On en fait plus sur les infirmières bulgares que sur le paquet fiscal. Sarkozy y va sans hésitation, mais François Hollande en reste aux pleurnicheries bon chic bon genre".Un avis à l'opposé de celui de Manuel Valls. "Nous pouvons faire un bout de chemin avec la majorité à condition qu'elle nous entende sur des sujets qui peuvent faire consensus", explique le député socialiste de l'Essonne, souvent cité dans le cadre de la stratégie d'ouverture de Nicolas Sarkozy. "Je pense aux moyens qu'il faut donner à la justice, à la lutte contre la criminalité ou encore au dossier de l'immigration". Partisan d'un recentrage politique du PS, Manuel Valls estime que les socialistes doivent "admettre définitivement" le fait d'être dans une économie de marché et dire également qu'ils ne sont pas favorables "à une société de l'assistanat".Vincent Peillon, co-fondateur du courant Nouveau Parti socialiste, appelle pour sa part la gauche à "transgresser les frontières d'appareils politiques qui se survivent pour des raisons qui n'ont plus lieu d'être", avec l'organisation "des assises de la gauche et des progressistes". "Si nous ne faisons pas cela, nous reproduirons les mêmes enfermements, les mêmes malentendus, et nous laisserons la gauche dans l'état où nous la trouvons aujourd'hui, divisée, fragilisée, repliée, méfiante et sans perspective réellement novatrice et mobilisatrice", estime le député européen. Alors que les Gracques, ce collectif d'anciens collaborateurs des gouvernements socialistes qui avaient plaidé pour un rapprochement avec l'UDF pendant la présidentielle, tiendront leur université ce dimanche à Paris, François Rebsamen s'est déclaré favorable à des alliances avec le Modem à l'occasion des élections municipales de mars 2008. "Les candidats présentés par le Parti socialiste doivent chercher le rassemblement le plus large. Je suis favorable à des alliances électorales locales sur la base de propositions communes avec le MoDem. Avec un désistement au second tour pour celui qui arrive en tête", explique le numéro deux du parti et ancien directeur de la campagne électoral de Ségolène Royal.Pour compliquer le tout, deux élus socialistes ont lancé ce jeudi un appel au rassemblement des Verts et du PS, à l'occasion des Journées d'été des Verts qui se tiennent jusqu'à dimanche à Quimper. "Nos divergences sont devenues plus techniques que stratégiques", expliquent Bernard Poignant, député européen, et Jean-Jacques Urvoas, député du Finistère. "Le temps est venu d'ouvrir un nouveau cycle à gauche, celui d'une coalition durable", poursuivent-ils, suggérant "un contrat d'avenir qui soit un socle d'engagements communs valable pour l'ensemble des élections"
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