Le ciel chinois est en pleine effervescence

Entrée de Singapore Airlines dans le capital de China Eastern; projet de mise en Bourse de Shenzhen Airlines, rumeur de fusion entre Air China et China Southern : en moins d'une semaine toutes ces annonces ont montré à la face du monde l'effervescence dans laquelle se trouve le transport aérien chinois. Celui-ci affiche une croissance vertigineuse. En 2007, alors que le trafic mondial augmentera en moyenne de 5%, il bondira de 16% en Chine pour atteindre 185 millions de passagers. Un rythme identique à celui des dernières années. "Je suis très confiant sur l'évolution du trafic en Chine, la montée des classes moyennes fournit un énorme potentiel de croissance", a indiqué à La Tribune, le PDG de la compagnie de Hong Kong Cathay Pacific, lors du premier salon aéronautique de Hong Kong. Selon Airbus, il devrait progresser de 10% par an en moyenne d'ici à 2010. Surtout, le trafic intérieur explose. "Il double tous les cinq ans", explique Wang Changshun, vice ministre de la direction de l'aviation civile. Un dynamisme qui fait le bonheur des avionneurs, Airbus et Boeing en tête qui font le plein de commandes. Grosso modo, ils estiment que la Chine aura besoin de près de 2000 avions neufs au cours des vingt prochaines années. Cette croissance considérable n'est pas sans conséquence. Les aéroports et les services de navigation aérienne arrivent à saturation. Le Gouvernement chinois vient de prendre des mesures drastiques, en imposant aux compagnies chinoises une baisse de voilure sur certains aéroports comme Pékin. Mais aussi en interdisant la création de toute nouvelle compagnie (sauf dans le cargo) jusqu'à 2010. Surtout, le Gouvernement entend construire de nouvelles plateformes aéroportuaires. "Nous avons besoin d'aéroports", admet Wang Chanshun. Près de 140 nouveaux aéroports doivent être construits d'ici à 2020, pour atteindre à cette date 190 aéroports. En termes de navigation aérienne, Pékin entend investir dans de nouveaux outils plus efficaces de gestion du trafic. Ceci afin de décongestionner l'espace aérien, qui comme au dessus au dessus de la rivière de Perle est saturé.De plus, les énormes commandes d'avions doivent être financées. La situation financière de la plupart des compagnies aériennes chinoises reste fragile. C'est dans ce contexte que s'inscrit l'entrée de Singapore Airlines à hauteur de 24% dans China Eastern, en difficultés. Mais aussi l'intention de Shenzhen Airlines de lever en Bourse, -peut être un milliard de dollars selon la presse chinoise-, pour financer le doublement de sa flotte (à100 avions) d'ici à fin 2008. Déjà il y a près de quatre ans, Le Gouvernement avait accepté la privatisation partielle des trois grandes compagnies, Air China, China Eastern et China Southern (qui avaient reprise sous leurs ailes une multitude de petites compagnies), avaient pour objectif de financer les commandes d'avion et répondre à la croissance de trafic. Comment les choses vont-elles évoluer ? Va-t-on assister à une recomposition du ciel chinois ? Peut être. Déjà l'an dernier, l'accord de prise de participation croisée entre Air China, basé à Pékin, et Cathay Pacific, installée à Hong Kong, a dégagé un rapprochement commercial très poussé. Le prélude à une fusion ultérieure ? Le patron de Cathay Pacific rejette toute spéculation. En attendant, le rachat en 2006 de Dragonair par Cathay (qui faisait partie de l'opération avec Air China) a ouvert au transporteur de Hong Kong la porte du marché intérieur chinois, sur lequel il était quasi absent. Un schéma que va tenter de reproduire Singapore Airlines (concurrent historique en Asie de Cathay Pacific) avec China Eastern, basée à Shanghai. Cette dernière pourrait d'ailleurs prendre du poids. Sa direction n'a pas caché vouloir intensifier ses liens commerciaux avec Shanghai Airlines. Face à cela, China Southern semble un peu isolé. Notamment à l'international, un point faible qui pour n'est comblé par le réseau long-courrier d'une compagnie étrangère partenaire. A moins que le scénario d'une fusion avec Air China évoqué par le PDG de cette dernière le 29 août (avant de revenir sur ses propos le lendemain), soit effectivement dans les cartons.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.