Sarkozy veut élargir le G8 aux grands pays en développement

Parmi ses annonces les plus spectaculaires, le président a émis le voeu que le "G8", qui regroupe les huit pays les plus développés du monde, s'élargisse à la Chine, à l'Inde, au Mexique, au Brésil et à l'Afrique du sud et devenir le "G13". "Le G8, je crois qu'il doit poursuivre sa lente transformation. (...) Le dialogue conduit, lors des récents sommets, avec les plus hauts dirigeants de la Chine, de l'Inde, du Brésil, du Mexique et de l'Afrique du sud, me semble-t-il, doit être institutionnalisé et durer une journée pleine", a insisté le président. Par ailleurs, "la France prendra des initiatives très fortes" pour un renforcement de l'Europe de la défense, a annoncé Nicolas Sarkozy. "Il nous faut élaborer ensemble une nouvelle stratégie européenne de sécurité" qui pourrait être "approuvée sous présidence française" de l'Union européenne, au second semestre 2008, a-t-il déclaré. "Je souhaite que dans les prochains mois, nous avancions de front vers un renforcement de l'Europe de la Défense - et la France prendra des initiatives très fortes - et vers la rénovation de l'Otan", a-t-il dit. "Les deux (vont) ensemble", a insisté Nicolas Sarkozy, "une Europe de la défense indépendante et une organisation atlantique où nous prendrions toute notre place".Evoquant "un sujet qui a été longtemps tabou", le président Sarkozy a souligné que "ces progrès décisifs de l'Europe de la défense" qu'il appelle de ses voeux "ne s'inscrivent absolument pas dans une compétition avec l'Otan". "L'UE dispose de toute la palette des instruments d'intervention dans les crises, militaires, humanitaires, financiers, elle doit s'affirmer progressivement comme un acteur de premier rang de la paix et de la sécurité dans le monde, en collaboration avec les Nations unies, l'Alliance atlantique, l'Union africaine", a-t-il encore développé.Concernant l'UE, Nicolas Sarkozy a aussi proposé la création, d'ici la fin de l'année, d'un comité "de dix à douze sages de très haut niveau" chargés de réfléchir à l'avenir de l'Europe à l'horizon 2020-2030. "L'Europe étant désormais sortie du blocage du chantier institutionnel qui durait depuis dix ans, le moment est venu de poser la question de l'avenir du projet européen", a déclaré le chef de l'Etat. Ce comité devrait réfléchir selon lui à une question simple mais essentielle: "Quelle Europe en 2020-2030 et pour quelles missions?" Nicolas Sarkozy suggère que ce comité rende ses conclusions "avant les élections européennes de juin 2009" afin d'éclairer le parlement nouvellement élu et la prochaine Commission.Tout en soulignant avec force l'importance de l'amitié entre la France et les Etats-Unis, Nicolas Sarkozy a appelé à définir "un horizon clair" concernant le retrait des troupes étrangères d'Irak. "Il n'y aura de solution que politique", a estimé le chef de l'Etat. Selon lui, "cette solution politique passe par la marginalisation des groupes extrémistes et un processus sincère de réconciliation nationale, au terme duquel chaque segment de la société irakienne - et Dieu sait s'ils sont nombreux -, chaque Irakien devra être assuré d'un accès équitable aux institutions et aux ressources de son pays"."Elle implique aussi que soit défini un horizon clair concernant le retrait des troupes étrangères", a affirmé Nicolas Sarkozy. "Car c'est la décision attendue sur ce sujet qui contraindra tous les acteurs à mesurer leurs responsabilités et à s'organiser en conséquence". "C'est alors, et alors seulement, que la communauté internationale, à commencer par les pays de la région, pourra agir le plus utilement. La France, pour sa part, y sera disposée", a-t-il ajouté, tout en rendant hommage à l'action de Bernard Kouchner, notamment à propos de l'Irak.Le président ne s'est pas abstenu par ailleurs de décerner quelques mauvais points. Il a jugé que la Russie faisait montre d'une "brutalité" incompatible avec son statut de grande puissance, notamment sur les dossiers énergétiques. Et il s'en est pris à la "politique de puissance" de la Chine qui tente de contrôler les ressources naturelles africaines, "bafoue" les règles sociales, de la propriété intellectuelle et de l'environnement, et utilise sa monnaie comme arme politique. "La Chine, engagée dans la plus impressionnante renaissance de l'histoire de l'humanité, transforme sa quête insatiable de matières premières en stratégie de contrôle, notamment en Afrique", a-t-il poursuivi.Concernant le Kosovo, le président a lancé lundi un "triple appel" aux Serbes et Kosovars, aux Russes et aux Américains, et aux Européens, pour trouver une solution pour l'avenir de ce territoire. "Nous soutenons le principe d'une indépendance supervisée par la communauté internationale, garante des droits des minorités et accompagnée par l'Union européenne", a rappelé Nicolas Sarkozy.Nicolas Sarkozy a aussi affirmé que la France ne se résignerait pas à la création d'un "Hamastan" dans la bande de Gaza: "dans l'immédiat, nos efforts, ceux du Quartette et des pays arabes modérés, doivent aller à la reconstruction de l'Autorité palestinienne, sous l'autorité de son président", a déclaré le président.A propos du Liban, Nicolas Sarkozy s'est dit favorable à un dialogue sous conditions avec la Syrie pour résoudre la crise actuelle: "le dialogue qui y a repris doit se poursuivre pour aboutir à une sortie de crise (...) Tous les acteurs régionaux, dont la Syrie, doivent agir pour favoriser une telle solution. Si Damas s'engageait dans cette voie, alors les conditions d'un dialogue franco-syrien seraient réunies. Dans le cas contraire, ces conditions ne seraient pas réunies". Autre dossier sensible, l'Iran doit négocier avec la communauté internationale et renoncer à se doter de l'arme nucléaire car il risquerait dans le cas contraire un bombardement, a estimé Nicolas Sarkozy. La France soutient le processus actuel visant à renforcer les sanctions contre l'Iran en cas de poursuite de son programme nucléaire, a redit le président. Selon Nicolas Sarkozy, "cette démarche est la seule qui puisse nous permettre d'échapper à une alternative catastrophique: la bombe iranienne ou le bombardement de l'Iran". Tout en appelant à la mobilisation internationale contre le terrorisme, Nicolas Sarkozy a souhaité une "politique plus déterminée" du Pakistan contre Al-Qaïda et les talibans. "Nous sommes prêts à les y aider (...) Nos actions en Afghanistan seront vaines si de l'autre côté de la frontière, le Pakistan demeure le refuge des talibans d'Al-Qaïda avant d'en devenir peut-être la victime", a fait valoir le président.Enfin, "pour mobiliser davantage encore la communauté internationale face aux défis de la paix et de la sécurité en Afrique, j'ai pris l'initiative d'une réunion du Conseil de sécurité qui se tiendra le 25 septembre à New York, au niveau des chefs d'Etat ou de gouvernement et que je présiderai", a déclaré Nicolas Sarkozy.Il a assuré que l'Afrique resterait "une priorité essentielle de notre politique étrangère et un axe central de la politique de coopération de l'Union européenne". L'Afrique, a-t-il ajouté, "n'est pas l'homme malade du monde d'aujourd'hui" et "elle n'a pas besoin de notre charité". Mais "malgré ses progrès, l'Afrique reste encore à l'écart de la prospérité mondiale" et "il convient donc de poursuivre notre effort d'aide", a ajouté le chef de l'Etat.
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