"La nouvelle vie de M. Horten"

Avec "La nouvelle vie de M. Horten", présenté à Cannes dans la section "Un certain regard", le Norvégien Bent Hamer pose un regard sensible sur un conducteur de train amené à prendre sa retraite. Une fable cocasse empreinte d'un humour typiquement nordique qui rappelle Aki Kaurismäki.

Monsieur Horten est conducteur de train. 40 ans qu'il conduit des trains, inlassablement, sans vraiment se poser de questions. C'est ce qu'il sait faire, et il le fait bien. Mais à 67 ans, voilà que la retraite sonne le glas de cette vie routinière et si bien réglée. Fini le train, il faut passer à autre chose. Mais à quoi? L'homme n'aura finalement pas le temps de se poser la question, les événements et les rencontres à venir le pousseront délicatement vers une nouvelle vie.

Jusque-là d'humeur taciturne et réservée, Odd Horten éjecté de son train-train se découvrira une nouvelle facette. Sa vie qui ne laissait rien au hasard, méticuleusement ajustée sur les horaires du chemin de fer, s'ouvre à l'inattendu. Et le voilà, cet homme d'ordinaire peu aventureux, escaladant des échafaudages ou acceptant, grisé d'excitation, de se laisser embarquer dans une voiture par un conducteur bien certain de pouvoir rouler les yeux bandés. Jusqu'à la scène finale - qui ne dévoile rien du film, celui-ci fonctionnant comme une succession de sketches dont chacun apporte sa propre clé - où Horten effectue son premier saut à ski depuis un tremplin de 50 mètres de haut, son rêve de toujours.

Cette dernière scène est aussi un hommage du réalisateur norvégien Bent Hamer à sa mère qui pratiquait le saut à ski. On ne s'étonne pas alors de la teinte très sensible qu'il a su apporter à son film, lent et peu bavard, mais empreint d'un humour cocasse, typique de cet esprit nordique que l'on a déjà rencontré chez Aki Kaurismäki ou Roy Andersson.

Après une escapade américaine - "Factotum" en 2005 avec Matt Dillon interprétant le double littéraire de Charles Bukowski, Henri Chinaski - Bent Hamer revient à un cinéma plus personnel, celui qu'il avait déjà pratiqué avec l'excellent "Kitchen Stories" en 2003. Comme pour ce dernier film, "La nouvelle vie de M. Horten" est une fable à la fois onirique et profondément humaine dont l'émotion qui couve sous l'absurdité de chaque scène parle à tous.

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