Enquête européenne sur le rapprochement BHP Billiton-Rio Tinto

Par latribune.fr  |   |  395  mots
La Commission de Bruxelles a ouvert une enquête approfondie sur le projet de mariage entre le géant minier australien BHP Billiton et son concurrent anglo-américain Rio Tinto. La Commission se donne jusqu'au 11 novembre pour vérifier si les conditions de la concurrence seraient respectées.

Les services européens de la concurrence ont ouvert une enquête approfondie sur le projet de mariage controversé entre le géant minier australien BHP Billiton et son concurrent anglo-américain Rio Tinto, a annoncé vendredi la Commission européenne. "Ce sont surtout les marchés du minerai de fer, du charbon, de l'uranium, de l'aluminium et des sables minéraux qui suscitent des inquiétudes, car la reprise envisagée pourrait entraîner des hausses de prix et une réduction du choix proposé aux clients", explique la Commission dans son communiqué.

Pour le minerai de fer en particulier, la nouvelle entité aurait "une part importante du marché de l'approvisionnement" qu'elle contrôlerait "dans une très large mesure" avec son concurrent le plus proche. Pour la Commission, il y a donc "un risque sérieux" que le nouvel ensemble "soit tenté de revoir ses projets d'investissements à la baisse ou de les ralentir, ce qui entraînerait un réduction de l'offre disponible sur le marché et une hausse des prix".

Le secteur de la sidérurgie avait invoqué des arguments similaires pour demander à la Commission d'interdire l'offre de 147,4 milliards de dollars lancée par BHP Billiton sur Rio Tinto, et qualifiée d'hostile par ce dernier.

Sur le créneau du transport de minerai de fer par voie maritime, Rio Tinto et BHP Billiton sont numéros deux et trois mondiaux, avec respectivement 23,3% et 15,4% de part de marché en 2007, derrière le brésilien Companhia Vale de Rio Doce (CVRD, 33,5%), selon la fédération européenne Eurofer.

Les produits de base commercialisés par BHP Billiton et Rio Tinto sont utilisés en quantité importante "par de grands secteurs industriels" et sont "essentiels à la compétitivité européenne", a souligné vendredi la commissaire à la Concurrence Neelie Kroes, citée dans le communiqué. "L'envolée récente des prix des produits de base a eu de lourdes conséquences pour les industries qui les achètent, leurs clients et, en dernier ressort, l'ensemble des consommateurs d'Europe et du reste du monde", rappelle-t-elle.

"Dans ce contexte des plus sensibles, tout changement aggravant la situation pourrait avoir des effets extrêmement néfastes. La Commission veillera donc particulièrement à ce que ce rachat n'altère pas la concurrence en Europe", insiste la commissaire. La Commission se donne jusqu'au 11 novembre pour boucler son enquête.