Le "non" irlandais déstabilise l'Europe

Le "non" irlandais au Référendum sur le traité de Lisbonne plonge l'Europe dans le doute. Plutôt que de faire une croix sur le traité, les dirigeants de l'UE dont le président Français Nicolas Sarkozy, semblent plutôt plaider en faveur d'un nouveau référendum en Irlande. Ce qui est sûr, c'est que le Traité n'entrera pas en vigueur le 1er janvier prochain.

Le "non" irlandais au Référendum sur le traité de Lisbonne plonge l'Europe dans le doute. Plutôt que de faire une croix sur le traité, les dirigeants de l'UE dont le président Français Nicolas Sarkozy, semblent plutôt plaider en faveur d'un nouveau référendum en Irlande. Ce qui est sûr, c'est que le Traité n'entrera pas en vigueur le 1er janvier prochain.

La cause est entendue pour le vote irlandais au référendum concernant le traité européen de Lisbonne. Le non l'a emporté par 53,4% des voix contre 46,6% pour le oui. Depuis, les dirigeants des payes membres de l'Ue s'interrogent sur la suite. Faut-il faire une croix sur le traité de Lisbonne ou parier sur un nouveau référendum en Irlande? Et c'est cette deuxième solution qui semble recueillir le consensus, au risque d'être accusés de construire l'Europe aux forceps sans vraiment tenir compte de l'avis de leurs citoyens.

Et le Conseil européen prévu les 19 et 20 juin à Bruxelles, transformé pour la circonstance en "sommet de crise", devrait être l'occasion pour les 26 autres pays de l'UE de confirmer leur volonté de maintenir le traité sur les rails. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a lancé : "dix-huit Etats membres ont déjà approuvé le traité et la Commission pense que les autres ratifications devraient poursuivre leur chemin". Il indique que le Premier ministre irlandais Brian Cowen l'a assuré qu'il était "clair que le vote ne devrait pas être considéré comme un vote contre l'Union européenne" . "Le traité a été signé par tous les 27 Etats membres, il y a donc une responsabilité commune de gérer la situation", a-t-il conclu en estimant qu'il fallait prendre en compte les préoccupations des citoyens européens.

Le président français Nicolas Sarkozy, dont le pays va présider l'UE à partir de juillet, a appelé samedi à agir "de façon à ce que l'incident irlandais ne devienne pas une crise". "En aucun cas, affirme aussi le Premier ministre belge Yves Leterme, l'Union ne peut être freinée dans son élan".

L'idée est qu'avec des ratifications achevées dans tous les autres pays à la fin de l'année, Dublin, à moins de se mettre en retrait de l'UE, n'ait d'autre choix qu'un nouveau vote populaire. En complétant s'il le faut le texte d'un protocole additionnel répondant aux inquiétudes spécifiques des Irlandais. "Il faut que le processus de ratification aille jusqu'à son terme (...) et pendant ce temps-là laisser le temps de la réflexion aux Irlandais, savoir si moyennant quelques médiations ou une demande de leur part ils peuvent revoter", résume Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes. Il n'y a "pas d'autre solution" pour permettre au traité d'entrer en vigueur, a-t-il estimé samedi.

"A Bruxelles, on a beau se dire que l'Irlande finira bien par dire oui si tous les autres ratifient, il n'y a pas beaucoup d'Irlandais ayant voté non la première fois qui se laisseront convaincre d'en décider autrement la deuxième fois", met en garde Dominik Hierlemann, spécialiste des questions européennes à la Fondation Bertelsmann.

Pour le président du Parti socialiste européen, le Danois Poul Nyrup Rasmussen, "l'Europe ne peut se permettre de perdre davantage de temps dans des crises institutionnelles". "Si nous voulons que les citoyens soutiennent l'Europe, nous devons créer une Europe des citoyens", ajoute-t-il.

Le quotidien britannique, "The Financial Times" jugeait pour sa part samedi que, contrairement à la volonté affichée par les gouvernements après le refus irlandais, un acharnement thérapeutique sur le traité de Lisbonne serait contre-productif.

Avant même les résultats définitifs, le ministre danois des Affaires étrangères, Per Stig Moeller, , déplorait vendredi le "non" irlandais. "Le peuple irlandais a voté, et nous devons naturellement respecter (son choix). Mais je déplore ce résultat car le traité de Lisbonne est un bon traité et l'aboutissement de nombreuses années de négociations entre les pays européens", a-t-il déclaré à l'agence danoise Ritzau. A ses yeux, "il est clair que nous sommes dans une situation incertaine". Il a appelé cependant à "ne pas tirer des conclusions trop hâtives".

Le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes Jean-Pierre Jouyet, qui participait ce vendredi à "Paroles d'Européens", un forum de discussions organisé à Marseille pour présenter la future présidence française de l'UE, s'est quant à lui dit "effondré" par ce rejet attendu du traité. Avant de reconnaître qu'il "faut prendre acte de la décision du peuple irlandais et la respecter tout en la regrettant". Il a toutefois estimé que les priorités de la présidence française de l'Union européenne "ne sont pas affectées par les résultats d'aujourd'hui, car la France a établi ces priorités avec ses partenaires européens sur la base du traité actuel".

Le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, a en tout cas estimé que le traité de Lisbonne ne pourrait pas entrer en vigueur au 1er janvier 2009 comme initialement prévu, à la suite du rejet du texte en Irlande.

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