Après leur victoire à Londres, les conservateurs britanniques se sentent le vent en poupe

Par latribune.fr  |   |  537  mots
Le conservateur Boris Johnson a emporté la mairie de Londres, évinçant Ken Livingston. Ayant perdu de nombreux conseils municipaux, les travaillistes et Gordon Brown subissent une sévère défaite, tandis que les Tories se préparent pour les prochaines législatives.

La victoire remportée vendredi par Boris Johnson, porté à la mairie de Londres, révèle chez les électeurs une volonté de changement qui n'est pas de bon augure pour le Premier ministre Gordon Brown. A 43 ans, l'excentrique ancien étudiant d'Eton et d'Oxford, qui jongle entre ses fonctions de député conservateur et d'animateur de télévision, a évincé le maire sortant Ken Livingstone, infligeant ainsi aux travaillistes le coup de grâce d'un scrutin municipal désastreux pour le gouvernement.

La victoire des conservateurs à Londres fait en effet écho à de nombreuses autres dans des conseils municipaux d'Angleterre et du Pays de Galles. Les Londoniens ont choisi de passer outre la faible expérience du pouvoir de Johnson et l'ont préféré à Livingstone, maire de la capitale depuis 2000.

Le chef de file des conservateurs David Cameron, qui a côtoyé Johnson sur les bancs d'Eton et d'Oxford, espère désormais que l'élan donné à son parti lors de ces municipales se prolongera jusqu'aux prochaines législatives, qui auront lieu au plus tard en 2010. La victoire de Johnson "va donner un coup de fouet aux conservateurs. C'est le poste le plus important à être attribué au suffrage direct, et il confère une grande influence et une grande visibilité", a déclaré Dominic Wring, politologue de l'université Loughborough, cité par Reuters.

L'aspect neuf de Boris Johnson, sa personnalité facétieuse et son allure atypique ont contribué à le faire connaître et à attirer les électeurs dans les bureaux de vote. L'ancien journaliste du Spectator se voit désormais confier la responsabilité d'un budget de 11 miliards de livres (14 milliards d'euros) pour une ville de 7,5 millions d'habitants, première place financière européenne qui organisera par ailleurs les Jeux olympiques de 2012.

Une réussite de Johnson à Londres peut fournir à David Cameron un tremplin vers le poste de Premier ministre aux prochaines législatives. A l'inverse, s'il échoue, les travaillistes ne se priveront pas de montrer Johnson du doigt pour accuser les conservateurs d'incompétence. Boris Johnson "a tellement été accusé d'être désordonné et incompétent qu'on risque d'attendre très peu de lui, ce qui lui permettrait de paraître facilement plutôt compétent", a estimé Tony Travers, de l'Ecole d'économie de Londres.

Selon la BBC, le parti travailliste s'est classé seulement en troisième position pour ces élections, avec 24% des voix, derrière les libéraux-démocrates (25%) et à vingt points des conservateurs (44%). Si ce résultat était reproduit lors de législatives, les Tories auraient une nette majorité parlementaire, allant de 138 à 164 députés, selon les projections.

Sur les 4.102 sièges en jeu en Angleterre et au Pays de Galles, le Labour en a perdu plus de 330, les conservateurs en ont gagné près de 260 et les libéraux-démocrates 19. Les Tories ont conquis la majorité absolue dans douze conseils supplémentaires, faisant une percée dans des régions et villes détenues par les travaillistes parfois depuis plusieurs décennies.

Cette victoire des conservateurs britranniques intervient alors que les droites européennes progressent dans plusieurs pays. Dernier exemple en date, la victoire de Gianni Alemanno à Rome, fin avril, peu après celle du camp Berlusconi aux élections générales italiennes.