L'ensemble des syndicats, de la CGT à la CGC en passant par la CFDT, FO, la CFTC, l'Unsa, Sud et la FSU, appellent tous les salariés, du privé comme du public, à faire grève et à manifester jeudi contre le projet gouvernemental sur les retraites. Le ministre du Travail Xavier Bertrand a réaffirmé le week-end dernier dans le Journal du Dimanche la ferme volonté du gouvernement d'allonger la durée de cotisation à 41 ans pour pouvoir bénéficier d'une retraite à taux plein. "Pour garantir notre système de retraite, on ne sait pas faire autrement que de passer à 41 ans", estime Xavier Bertrand.
Mais les syndicats ne veulent pas entendre parler des 41 ans de cotisation, soit qu'ils estiment, à l'instar de la CFDT, qu'il est trop tôt pour allonger de nouveau, comme le prévoit la réforme des retraites de 2003, la durée de cotisation, notamment à cause de la piètre performance française en matière d'emploi des seniors, soit qu'ils y sont tout bonnement opposés. C'est le cas de la CGT, de FO, de Solidaires (syndicats Sud) et de la FSU. Pour le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault, "avec cet allongement, l'age légal du droit au départ à 60 ans devient virtuel". La CGT appelle à une "nouvelle et puissante démonstration de force" le 22 mai.
Le ministre du Travail estime que le gouvernement a déjà satisfait plusieurs revendications syndicales. "Nous maintenons le dispositif de départ à la retraite avant 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler très jeunes. Cela coûte deux milliards d'euros par an. C'était une demande syndicale. On revalorise les retraites dès septembre et on instaure un mécanisme de garantie du pouvoir d'achat. C'était une demande syndicale. Nous faisons de l'emploi des seniors une priorité, c'était aussi une demande syndicale", affirme Xavier Bertrand.
La pénibilité au travail, dont la négociation est enlisée depuis trois ans, pourrait servir de monnaie d'échange entre le gouvernement et certains syndicats dans le dossier des retraites. Alors qu'une ultime réunion de cette négociation est prévue en juin, le gouvernement prévient déjà qu'il légiférera en l'absence d'accord. Xavier Bertrand précise même que "les entreprises seront mises à contribution". Ce qui signifie que l'Etat pourrait imposer un système de départs en retraite anticipés pour les salariés ayant connu des travaux pénibles au cours de leur carrière, ce que réclament en vain les syndicats depuis trois ans.
Les transports devraient être assez perturbés jeudi, la plupart des syndicats ayant appelé à la grève. Quatre syndicats d'Air France (CGT, CFDT, FO et CFTC) ont déposé un préavis de grève, tout comme trois syndicats sur huit à la RATP, dont le 1er, la CGT, ainsi que la CFDT et FO (représentant au total près de 57% des voix aux dernières élections).
A la SNCF, tous les syndicats (CGT, CFDT, FO, CFTC, Sud Rail, Unsa, CFE-CGC) ont déposé un préavis de grève de 24 heures. Le trafic devrait donc être très perturbé, essentiellement dans les TER et le Transilien. Les dernières prévisions qui viennent d'être annoncées ce mercredi soir prévoit pour les TGV sur le réseau national deux trains sur trois en moyenne, sur les destinations Paris-province et province-province, un trafic normal pour l'EUROSTAR (Paris Nord-Londres), le THALYS (Paris-Bruxelles Amsterdam Cologne), l'ALLEO (Paris Gare de l'Est-Stuttgart, Paris Gare de l'Est-Francfort), le LYRIA (Paris-Gare de l'Est Bâle Zurich, Paris-Gare de Lyon Lausanne, Paris-Gare de Lyon Berne).
Sur le Transilien et les TER, la SNCF prévoit un train sur deux en moyenne. Elle indique qu'aux heures de pointe, le service sera normal sur le RER A entre Cergy et Poissy, mais ne circuleront qu'entre un train toutes les 15 minutes et un train toutes les 30 minutes sur les lignes B, C, D et E du RER. Le trafic variera entre un train toutes les 15 minutes et un train par heure sur le reste du réseau d'Ile-de-France.
Le trafic des Corail sera d'un train sur deux en moyenne mais aucun ne circulera pour les nuits de mercredi à jeudi et de jeudi à vendredi.
La SNCF prévoit de donner des renseignements sur internet : www.sncf.com pour tous les trafics, www.abcdtrains.com pour les prévisions Transilien par gare, par téléphone aux numéros verts : 0805 90 36 35 pour grandes lignes et TER, et au 0805 700 805 pour Transilien, et sur les téléphones portables : https://infogare.transilien.com.
La RATP, en revanche, où seuls les syndicats GFT, FO et CFDT appellent à la grève, devrait connaître un trafic à peu près normal.
Dans les transports urbains de province, des préavis de grève ont été déposés dans au moins 53 villes. C'est le cas à Marseille, Lyon, Toulouse, Montpellier, Brest, Dijon notamment. En application de la loi sur le service minimum, les sociétés de transport doivent faire connaître leurs prévision de trafic 24 heures à l'avance.
La CGT promet une très forte mobilisation des salariés du privé, selon Jean-Christophe Le Duigou, membre du bureau confédéral. Il table sur plusieurs centaines de milliers de manifestants au total.