ADP remet en service fin mars l'intégralité de la jetée du terminal 2E à Roissy Charles-de-Gaulle, un peu moins de quatre ans après l'effondrement spectaculaire d'une partie de sa toiture, lequel avait provoqué la mort de quatre personnes.
La réouverture complète de la structure, dont la jetée court sur 650 mètres, se veut une étape charnière de la stratégie d'ADP (Aéroports de Paris). Aux côtés du 2E, le 2F et le nouveau satellite S3, surnommé "La galerie parisienne", s'inscrivent comme le dispositif de choc du "hub" (plate-forme de correspondances) d'Air France-KLM , première compagnie aérienne cliente d'ADP sur les aéroports de Roissy et d'Orly.
Avec ces installations, qui seront parachevées au cours des prochaines années par le S4 et le terminal 2G dédié aux liaisons régionales, Air France et ses compagnies partenaires de l'alliance Skyteam disposeront à CDG d'un outil leur permettant d'accueillir 42 millions de passagers par an.
"Nous avons repensé le 2E, a expliqué à Reuters Marie-Laure Kepeklian, directeur de projet auprès d'ADP. Il a fallu démolir toute la voute de béton du terminal pour reconstruire une charpente métallique chargée de se substituer au béton."
En surplomb, la couverture de verre sérigraphié, de 33.000 mètres carrés, indispensable à la lumière du lieu, a également été démontée pour être réassemblée plusieurs mois plus tard.

Le chantier a commencé à l'été 2006, mobilisant quotidiennement 500 personnes, et s'achèvera dans les tout prochains jours. Coût de l'opération: 130 millions d'euros.
"C'est une véritable initiative de 'déconstruction-reconstruction'. Nous ne partions pas de rien et nous avons voulu préserver la forme originelle du bâtiment. Pour le reste, c'était un nouveau projet, tous les paramètres d'ingénierie ont été recalculés", a ajouté Marie-Claire Kepeklian.

L'instruction judiciaire relative à l'effondrement de la toiture est toujours en cours.
Les équipes d'ADPi, la filiale ingénierie d'ADP, ont voulu apporter des améliorations par rapport au "premier" terminal 2E. Des lattes de frêne, conçues par l'entreprise allemande Finnforest, et une moquette rouge, jugée plus chaleureuse, ornent l'intérieur du terminal, lequel offre à l'une de ses extrémité une baie vitrée géante donnant sur le tarmac des terminaux A et C.

Le 2E sera par ailleurs doté de davantage de surfaces commerciales. Au total, quelque 7.500 mètres carrés de boutiques, dont plusieurs enseignes de luxe, et de restaurants seront disponibles.

En sus des redevances aéroportuaires, payées par les compagnies aériennes, ADP mise beaucoup sur ses recettes commerciales et sur ses activités immobilières.
En 2007, les revenus tirés de l'immobilier ont porté sur 194,2 millions d'euros, un montant en hausse de 10,5% sur un an, tandis que les redevances et les activités commerciales ont progressé de 6,4% pour s'établir à 1,83 milliard d'euros.

Les aéroports européens se livrent une concurrence acharnée pour attirer les passagers en correspondance et fidéliser une clientèle d'affaires. Paris, Londres, Francfort, Amsterdam et Madrid veulent toutes devenir la porte d'entrée européenne de référence, grâce au dynamisme de leur aéroport.

"CDG a vu passer 59 millions de passagers en 2007, Londres-Heathrow 68 millions. Pour autant, nous avons désormais les moyens de rattraper Heathrow, congestionné, à l'horizon 2011 car nous avons les pistes, le terrain et les infrastructures", a souligné Franck Goldnadel, directeur des terminaux 2E et 2F.

CDG dispose effectivement de quatre pistes, un avantage significatif pour augmenter les mouvements d'avions. Le hub d'Air France-KLM est quant à lui actuellement considéré comme le plus puissant d'Europe.