"Tabarly"C'est dans la nuit du 12 au 13 juin 1998 que le navigateur Eric Tabarly disparaissait en mer. 45 ans plus tôt, son père lui offrait son premier bateau, le fameux Pen Duik. Ce sont 45 années que le réalisateur Pierre Marcel retrace dans ce documentaire, de l'engagement dans l'Aéronautique navale au record du monde de la traversée de l'Atlantique en passant par la première victoire de la Transat anglaise et toutes les suivantes dont la traversée en solitaire San Francisco -Tokyo. Pour commenter les images, la parole est laissée à Tabarly lui-même. En "voix-off", il raconte sa vie, ses épopées. La musique composée par Yann Tiersen enrobe le tout d'un certain romantisme laissant la part belle au mythe du marin en osmose avec la mer. Un portrait sous forme d'hommage qui frôle l'hagiographie mais qui n'en demeure pas moins émouvant. O. L. F."Nouvelle donne"Il y avait Lars Von Trier, le réalisateur danois de "Dancer in the dark". Il faudra compter désormais avec Joachim Trier, le norvégien. Son tout premier long métrage, "Nouvelle donne" (titre original "Reprise") a déjà recueilli une quinzaine de récompenses depuis sa sortie en 2006, dont le Grand prix du festival du cinéma nordique à Rouen en avril 2007. u0152uvre de jeunesse sur la jeunesse, "Nouvelle donne" porte un regard sensible sur le parcours de deux amis (Erik et Phillip) qui ambitionnent de devenir écrivains. Le style est brillant, rappelle la Nouvelle vague française et aussi le cinéma réaliste anglais. Servie par une bande-son qui secoue (un bon rock déchirant) et un travail soigné sur la lumière, cette première oeuvre de Joachim Trier et Eskil Vogt (scénariste) apporte sur un sujet classique (le virage des 20-25 ans) une bouffée d'air frais revigorante.J.-L.L."La soledad"Quand une technique de réalisation apporte une profondeur émotionnelle. En utilisant la polyvision (split-screen), qui consiste à diviser l'écran en deux parties égales, Jaime Rosales expose deux points de vue différents d'une même scène. Voir simultanément celui qui parle et celui qui écoute permet une vision à la fois globale et intime. Le procédé, employé dans un bon tiers du film, donne une force supplémentaire à "La soledad", histoire de deux femmes dans l'Espagne d'aujourd'hui. Adela (Sonia Almarcha), jeune mère, quitte sa province avec son bébé, pour vivre seule à Madrid. Antonia (Petra Martinez), gérante d'une supérette, partage sa vie avec ses trois filles. La jeune femme indépendante et la mère ordinaire et idéale vont se trouver confrontées à des bouleversements (vie familiale, environnement économico-politique). Jaime Rosales traite ces destins parallèles avec pudeur et sans pathos, ayant ainsi évité toute musique pour ne pas appuyer les effets. Portée par deux actrices sensibles, cette chronique de vies quotidiennes émeut et interpelle. Deuxième long-métrage du réalisateur barcelonais, "La soledad" a obtenu cette année trois "Goya", l'équivalent espagnol de l'Oscar.J.-L.L."Les Hommes"C'est un documentaire d'un genre particulier. Pas de musique ni de "voix off" pour accompagner les images de ces "Hommes". Pas de voix du tout d'ailleurs puisque les humains qui passeront de rares fois devant la caméra le feront de loin. La réalisatrice Ariane Michel embarquée avec des géologues lors d'une expédition au Groenland a voulu mettre le spectateur à la place de la nature pour observer ces hommes débarquant en terre quasi-inconnue. Le résultat est une somme de longs plans fixes sur les rochers, la toundra ou la banquise. Il ne faudra donc pas s'attendre à beaucoup plus d'action que le passage d'un ours polaire ou le regard placide d'un phoque. La première séquence, où le bateau de l'expédition perce la brume pour atteindre les terres est belle et énigmatique. Malheureusement, la suite, aussi aride qu'austère, ne suscite que l'ennui. O. L. F.

latribune.fr

18 Sept 2010, 1:37

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