Sir John Falstaff est un personnage gros et grossier. C'est bien simple, dans le grand monde, on le surnomme "il Pancione" (le ventru). Ruiné, abruti par le Xérès qu'il affectionne tout particulièrement, il fomente ses coups pour arracher quelques deniers aux plus belles femmes du royaume. Car par-dessus tout, Falstaff se pense irrésistible. Séduire à la fois la blonde altière, Meg Page (Caitlin Hulcup) et la brune piquante, Alice Ford (Anna Caterina Antonacci), qui tiennent les clés du coffre au sein de leurs ménages respectifs ? Un jeu d'enfant !... Voici jetés les dés de l'intrigue, en même temps que ceux de la farce. Car les dupées finiront par se jouer du dindon, jeté dans l'eau d'un fossé, avant d'être roué de coups de bâtons sous un chêne du parc de Windsor.Le livret truculent de "Falstaff", le dernier opéra de Verdi, créé le 9 février 1893 à la Scala de Milan, est basé sur la traduction par François-Victor Hugo des "Joyeuses commères de Windsor" de William Shakespeare. Un heureux mélange dont la cocasserie et l'énergie se ressentent sur la scène du Théâtre de l'avenue Montaigne, jusqu'au 29 juin encore.On retiendra de cette nouvelle et dernière production de la saison, une mise en scène du cinéaste italien Mario Martone un peu longue à s'animer mais qui s'achève dans la liesse sous un arbre majestueux (projection d'une image extraite d'un tableau de Piet Mondrian par le décorateur Sergio Tramonti) et les débuts remarquables au Théâtre des Champs Elysées du jeune chef Alain Altinoglu, qui dirige avec finesse l'Orchestre de Paris. Mais il faut surtout souligner la très belle distribution de ce "Falstaff", tout en voix. Mention spéciale à la contralto canadienne Marie-Nicole Lemieux, qui incarne une Mrs Quickly absolument géniale de malice et d'enthousiasme, jubilatoire sur le plan de l'interprétation comme sur le plan vocal. "Falstaff" de Verdi au Théâtre des Champs-Elysées, jusqu'au 29 juin 2008. Tél: 01.49.52.50.50. www.theatrechampselysees.fr.

latribune.fr

18 Sept 2010, 2:47

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