Elle vous saute aux yeux. Elle est fière, insolente, éclatante, la jeunesse de Scapin. C'est cela que l'on retient. Et Scapin est cela. Comme un cri, une revendication, un acte de rébellion face aux pères que sont Géronte et Argante. Sa jeunesse éclatante et dérangeante à la fois est de celles qui font fi des lois et de l'ordre établi. Le jeune éphèbe crée et défait les intrigues à sa guise. Il s'amuse et nous aussi. Infatigable adjuvant, tantôt il réunit les amants séparés, empêche un mariage forcé, redonne une famille aux orphelins et toujours se venge des paternels autoritaire. Scapin est aussi dans l'excès de son jeune âge, impulsif, cynique et capricieux. "Les Fourberies de Scapin", c'est un classique parmi les classiques. Alors comment revisiter cette pièce pour que répliques et rebondissements cocasses gardent tout leur piquant? Pour rire autant lorsque que Géronte, le père d'Octave, pleurniche à qui veut l'entendre sur son fils, otage présumé, "mais qu'est ce qu'il est parti faire sur cette galère?". La mise en scène d'Arnaud Denis, alias Scapin, est pleine d'énergie et de bonne humeur. Il réactualise la pièce, bichonne les répliques en phrases cultes, ne rate rien de la scène mémorable du sac et des coups de bâtons, par exemple. La représentation est dynamique, dans les mouvements des personnages comme dans les échanges verbaux. A grands renforts de mimiques, d'imitation de voix, de travestissements, l'infatigable Scapin gronde, minaude, tournoie, saute sans interruption. Ennemi du vide et de l'ennui, il ne tire sa jouissance que dans l'agitation du monde. Impétueux, il fonce et agit sans réfléchir. Mais montre aussi, de manière fugace, sa part d'ombre et ses faiblesses. Bien sûr, le dénouement est prévisible et les choses rentrent dans l'ordre. Mais ce Scapin cherche manifestement à retarder la chute du rideau final. Le public apprécie.Jusqu'à fin juillet au Théâtre du Petit Montparnasse à Paris (14è). Réservations: 01 43 22 77 74.

latribune.fr

18 Sept 2010, 1:45

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