La Slovaquie entrera dans la zone euro en 2009

Cette fois, c'est sûr, Bratislava va bien rejoindre la zone euro. L'Union européenne a donné ce mardi son feu vert à l'entrée de la Slovaquie dans l'euro en 2009 malgré l'inquiétude de la Banque centrale européenne (BCE) sur l'évolution de l'inflation dans ce pays. Les ministres des Finances des Vingt-Sept, qui ont ainsi suivi la Commission européenne, ont dans le même mouvement constaté que ce pays, tout comme l'Italie, le Portugal et la République tchèque, n'est désormais plus en situation de "déficit excessif", c'est-à-dire au-delà de 3% du PIB. Après la Slovénie, Chypre et Malte, c'est le quatrième "nouveau" pays ayant adhéré à l'UE le 1er mai 2004 à lier son sort à la monnaie unique après des années de réformes économiques, bien avant des Etats comme la Pologne. "Les ministres partagent l'évaluation de la Commision selon laquelle la Slovaquie (...) remplit les conditions nécessaires à l'adoption de l'euro", ont déclaré les Vingt-Sept. Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE ainsi que le parlement européen doivent encore être consultés avant que les "grands argentiers" de l'UE puissent donner leur accord définitif, en juillet prochain, au seizième membre de l'euro. Dans sa recommandation aux ministres des Finances des Vingt-Sept, la Commission estime que ce pays de 5,4 millions d'habitants est prêt à devenir le seizième membre de l'euro. Dans ses "rapports de convergence" sur les autres pays candidats, l'exécutif européen juge que la Pologne, la République tchèque, la Hongrie, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Bulgarie et la Roumanie ont encore du chemin à faire. Les nouvelles adhésions ne sont pas attendues avant 2010. L'entrée de la Slovaquie risque de faire grincer quelques dents en République tchèque voisine. Prague a en effet longtemps regardé Bratislava avec condescendance, la partie tchèque de l'ancienne Tchécoslovaquie étant nettement plus riche que la partie slovaque.Mais les progrès économiques de la Slovaquie, qui a failli il y a dix ans être exclue des négociations d'adhésion en raison du caractère autoritaire du régime de l'ancien Premier ministre Vladimir Meciar, sont jugés impressionnants à Bruxelles. Bratislava a en effet introduit une série de réformes visant à attirer les investissements, notamment en réduisant l'impôt sur les sociétés, ce qui a généré une croissance économique qui s'est élevée à plus de 10% l'an dernier. L'absence de risque de change, une fois le pays dans la zone euero, devrait en outre accroître les investissements dans ce pays qui est devenu privilégié par les constructeurs automobiles européens, comme Volkswagen ou PSA Peugeot Citroën.Avec une inflation de 2,2% en moyenne sur les douze derniers mois, la Slovaquie se situe sous la valeur de référence de 3,2%, même si la hausse des prix y a atteint 3,6% en mars. Son déficit public a été de 2,2% en 2007 et devrait s'établir à 2% cette année, loin de la limite de 3% préconisée par Bruxelles. Sa dette est faible, à 29,4% du PIB, loin de la valeur de référence de 60% vers laquelle il convient de tendre au sein de l'euro. De leur côté, ses taux d'intérêt à long terme sur un an se sont élevés à 4,5%, loin encore de la valeur de référence de 6,5%. Enfin, la Slovaquie fait partie du MCE (mécanisme de change européen, "antichambre" de la zone euro) depuis 2005. Un débat a toutefois opposé les institutions européennes concernant l'inflation, qui risque de connaître une brutale augmentation avec le passage à l'euro, comme cela s'est passé en Slovénie où les commerçants ont profité de l'aubaine pour augmenter leurs prix, complètement libérés dans la zone. Il y a peu, la BCE avait exprimé des "inquiétudes considérables" sur la capacité de Bratislava à maîtriser l'inflation à long terme. Mais la Commission estime visiblement qu'avec une inflation de 3,6% en mai, la zone euro est mal placée pour faire la leçon à la Slovaquie. Pour elle, la marge est "suffisante pour apaiser les préoccupations concernant l'inflation". Elle conseille toutefois la vigilance, notamment sur la modération salariale et recommande d'accélérer les réformes. Après la décision des ministres des Finances, il faudra fixer le taux-pivot entre l'euro et la couronne slovaque, dont les parités seront alors irrévocablement fixées. Ce mardi, il fallait 30,33 couronnes pour un euro.
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