La neige blanche et pure est poésie. Ou peinture délicate de l'hiver. La neige, surface glissante, est une calligraphie aussi. Et quand elle se transforme en rivière, elle devient une musique. Quelque part, dans le Japon du XIXè siècle, Yuko Atika, un jeune artiste, écrit sur cette neige qui le fascine tant. Il doit parfaire son écriture de haïkus, des poèmes très courts de trois vers et dix-sept syllabes. Il part donc à la rencontre de Soseki, un ancien samouraï. Le vieux poète aveugle lui apprend ceci: danser, composer, peindre, écrire, c'est la même chose qu'aimer. L'art se révèle à son apogée grâce à une femme. Les bras ouverts, le corps se confondant parfois dans l'obscurité, la metteuse en scène et comédienne Stéphanie Loïk rappelle le souvenir de "Neige", cette femme devenue artiste funambule par soucis d'équilibre. Toujours sur une corde raide sur les chemins sinueux et tortueux de son existence. Tout au long de la pièce, Stéphanie Loïk sera ces hommes et ces femmes, tous ces artistes qui se mettent en danger. Vêtue de noir, elle avance dans l'espace vide et sans décors avec des gestes amples et des pas mesurés. Les notes lancinantes et mélancoliques d'un piano, son seul compagnon de scène, l'accompagnent. La voix et la forte présence de la comédienne conduisent le public dans un voyage initiatique et magique. Comme un jeune apprenti, on contemple toute la beauté et la grandeur des paysages japonais. Pour les représenter, Yuko apprend peu à peu à se servir de toutes les couleurs, c'est à dire à prendre des risques lui aussi. Mais le plus difficile, "c'est de rester continuellement sur ce fil qu'est l'écriture, de vivre chaque heure de sa vie à hauteur du rêve, de ne jamais redescendre, ne serait-ce qu'un instant, de la corde de son imaginaire." Yuko l'apprenti poète deviendra et sera un "funambule du verbe."Jusqu'au 6 juillet au Théâtre Artistic Athévains, 75011 Paris. Réservations 01 43 56 38 32.

latribune.fr

18 Sept 2010, 2:39

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