Tremblement de terre électoral

Le bond des libéraux-démocrates dans les sondages, après la bonne prestation de leur leader Nick Clegg pendant le débat télévisé, pourrait profondément changer la politique britannique.

Inimaginables. Incroyables. Fracassants. Les sondages des journaux de ce week-end sont un véritable tremblement de terre. Je vous les donne dans leur intégralité, tellement ils étaient impensables voilà seulement trois jours.

Selon BPIX: Libéraux-démocrates: 32%; Conservateurs: 31%; Travaillistes: 28% (oui, vous avez bien lu, les lib-dems en tête!!!).

Selon ComRes: Conservateurs: 31%; Libéraux-démocrates: 29%; Travaillistes: 27%. (Les lib-dems en deuxième place).

Selon ICM: Conservateurs: 34%; Travaillistes: 29%; Libéraux-démocrates: 27%.

Selon YouGov: Conservateurs, 33%; Travaillistes, 30%; Libéraux-démocrates: 29%.

Les libéraux-démocrates n'avaient pas été en tête d'un sondage depuis 2003. Mais ce n'était pas juste avant une élection. Il faut remonter aux années 1980 pour voir des scores similaires, quand ils avaient presque renvoyé les travaillistes à la troisième place lors des élections de 1983. Ceux-ci avaient mis quinze ans à s'en remettre.

Pour ceux qui auraient manqué le dernier épisode, ce bond des libéraux-démocrates, qui avaient environ 20% de soutien dans les sondages jusqu'à présent, fait suite à l'excellente prestation de Nick Clegg, leur leader, lors du débat télévisé de jeudi soir (l'intégralité du débat est ici). Près de 10 millions de Britanniques ont regardé pendant 90 minutes les leaders des trois partis, sur un pied d'égalité. David Cameron, très tendu, a été médiocre. Gordon Brown, jamais bon dans cet exercice, a été fidèle à lui-même. Nick Clegg, relatif inconnu auprès du grand public, a paru plus sincère, plus clair, plus percutant. Et tout simplement, c'est un nouveau venu soufflant un vent frais sur la politique britannique.

La victoire de Nick Clegg était prévisible. D'ailleurs, les libéraux-démocrates remontent toujours dans les sondages lors des campagnes électorales, grâce aux temps de parole équilibrés entre les trois principaux partis. Ensuite, ils sont quelque peu oubliés de la machine médiatique et retombe dans un certain "oubli".

Néanmoins, le bond de sept à douze points dans les sondages des libéraux-démocrates est bien supérieur aux attentes. Il faut en conclure deux choses.

D'une part, les Britanniques cherchent désespérement une nouvelle politique. Fatigués des travaillistes, ils ne sont pas convaincus des conservateurs. Le scandale des notes de frais des députés a symbolisé leur désillusion de la classe politique dans son ensemble. Un vent de fraicheur, n'importe lequel, est attendu à bras ouverts. Nick Clegg l'a soudainement incarné.

D'autre part, tout est désormais possible pour cette élection. Je l'ai déjà dit, l'écart entre les travaillistes et les conservateurs était faible, rendant possible un scénario où aucun n'aurait de majorité absolue. Désormais, les trois principaux partis sont dans un mouchoir de poche, et ce scénario de "hung parliament" est encore plus probable. La projection en sièges des derniers sondages donnent les travaillistes en tête (environ 280 sièges), devant les conservateurs (240) et les lib-dems (une centaine).

Certes, il reste trois semaines avant le vote. Deux autres débats télévisés vont avoir lieu. Les électeurs vont découvrir que Nick Clegg n'est pas un petit-nouveau, et que les lib-dems sont un parti centenaire (si on exclut leur fusion avec le SDP dans les années 1980). Nick Clegg pourrait revenir à des scores plus bas. C'est même probable.

Mais la politique britannique va désormais se jouer à trois, et non à deux. Et cela change tout.

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Commentaire 1
à écrit le 19/04/2010 à 5:44
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"Nick Clegg pourrait revenir à des scores plus bas. C'est même probable." Journalisme ou astrologie ?... Une argumentation serait la bienvenue.

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