La politique britannique à reconstruire

Par Eric Albert, à Londres  |   |  316  mots
Les conservateurs semblent favoris, selon les derniers sondages. Mais que ce soit eux ou un autre parti, il leur faudra reconstruire le système politique, complètement discrédité.

Petite scène exemplaire ce matin, quand je suis allé acheter les journaux. "De toute façon, je ne vote plus", lance le vendeur. "Ils sont tous les mêmes", renchérit un client. "Peu importe le résultat", affirme un troisième en haussant les épaules.

Excitante, cette élection britannique? Sans doute parce qu'elle a réservé de nombreuses surprises, en particulier l'émergence des libéraux-démocrates. Mais le discrédit de la classe politique est profond et sera très long à reconstruire.

Le système électoral en particulier est en cause. Tant que les deux principaux partis dominaient, tout allait bien. Le scrutin uninominal à un tour était parfait, donnant facilement une majorité au parti le plus important du moment. En 1951, conservateurs et travaillistes avaient 95% des voix à eux deux.

Mais aujourd'hui, ils ne récoltent que 60% des voix environ. Lors de scrutins proportionnels (européennes) ou locaux, ils réalisent même moins. Or, ils continuent à très largement dominer la chambre des communes. Le cas le plus criant est bien sûr celui des lib-dems: en 2005, ils ont récolté 23% des voix mais seulement 10% des sièges.

Clairement, cela ne peut plus durer. Quand le tiers ou la moitié des votes sont quasiment sans conséquence, à quoi bon aller voter? De l'abstention au "tous pourris", il n'y a qu'un pas que beaucoup de Britanniques ont franchi.

Cette élection pourrait tout changer. Si aucun parti ne remporte une claire majorité, les lib-dems pourrait jouer les faiseurs de roi. Avec une condition principale: changer le mode de scrutin. La politique britannique en serait changée à jamais.

Mais un tel scénario est loin d'être certain. Les conservateurs semblent en tête, selon les derniers sondages. Or, ils ne veulent pas entendre parler d'une telle réforme. Auquel cas le système électoral britannique, l'un des plus vieux au monde, continuera à grincer pendant encore longtemps.