Overdose royale

Par Eric Albert, à Londres  |   |  437  mots
A royal cuppa
Ne croyez pas le déluge médiatique : le mariage du prince William et de Kate Middleton ce vendredi n'intéresse que modérément les Britanniques, qui préfèrent partir en vacances.

Il faut aller faire un tour devant Buckingham Palace pour comprendre le phénomène. Des milliers de touristes, en grande partie venue des Etats-Unis, se pressent pour voir les lieux avant la célébration du mariage ce vendredi. Du doigts, ils indiquent le balcon d?où Charles et Diana s?étaient échangés un premier baiser public, et où William et Kate feront de même vendredi. De chaque côté du rond-point devant la résidence du monarque britannique, des dizaines et des dizaines d?équipes de télévision sont fin prêtes à des heures d?émissions spéciales, dans des tentes vertes installées pour l?occasion.

Des centaines de journalistes, désespérément à la recherche de quelque chose à dire, viennent interroger les passants. "Vous venez de loin ?" "Non, non, on habite à Londres, et le mariage ne nous intéresse guère." Cachant à peine leur déception, ils se rabattent tous vers les - rares - petits groupes de campeurs installés le long du Mall, qui ont fait le déplacement spécialement.

Ne le dites pas trop fort, de peur de faire dérailler la machine médiatique, mais c?est un fait : le mariage princier ne passionne pas tant que cela, même au Royaume-Uni. Bien sûr, il serait faux de parler d?indifférence. Dans l?ensemble, les Britanniques sont plutôt heureux de l?événement, et souhaitent bonne chance au nouveau couple. Mais les observateurs de longues dates le disent tous : l?effervescence n?a rien à voir avec celle du mariage de Charles et Diana ? et encore moins que l?hystérie collective des obsèques de Diana, la "princesse du peuple".

Les sondages le confirment : celui réalisé pour le Guardian par ICM souligne que seuls 37% des Britanniques sont "vraiment intéressés" par le mariage, et 46% ne le sont pas (les autres sont neutres). Le nombre de fêtes prévues dans les rues du pays est également bien moindre qu?en 1981 pour le mariage de Diana. Et un bon nombre de Londoniens fuient les festivités, profitant du jour férié supplémentaire offert pour l?occasion.

Pas question de caricaturer et de faire des Britanniques des Républicains. Une large majorité (63%) estime que le Royaume-Uni y perdrait à ne pas avoir de monarchie ("would be worse off"). Mais comme l?estime le Guardian, il s?agit d?un "scepticisme tolérant". Il n?y aura ni hystérie collective, ni fervente passion pour ce mariage : juste un lointain intérêt, amplifié quelques milliers de fois par le tam-tam médiatique.