Arrêtons de fantasmer sur DSK

Si les avis sont partagés sur la culpabilité de DSK, un consensus semble l'emporter sur sa compétence au FMI. Ce n'est pourtant pas si simple...
Manifestation contre le FMI en Irlande en mars 2011

Pas question ici de prendre position sur la culpabilité ou non de Dominique Strauss-Kahn. Laissons la justice faire son travail. En revanche, il est né depuis cette affaire un étrange consensus sur la compétence évidente et apparemment non discutable de l'ancien patron du FMI. Mais demandez donc à un Irlandais ou à un Grec ce qu'il en pense...

Le bilan de DSK au FMI se déroule en deux étapes. La première est certainement une réussite. Il s'agit de la période du déclenchement de la crise financière à l'automne 2008 jusqu'au G20 d'avril 2009 à Londres. Le FMI, institution qui semblait sur le déclin, s'est soudain rendue indispensable, en particulier par ses appels à la collaboration entre les Etats.

En bon néo-keynésien, DSK a immédiatement repéré le danger: face la panique financière internationale, si chaque Etat se retire dans son coin et met en place des mesures d'austérité, le monde risque d'entrer dans une grande dépression. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, bientôt suivis par le reste des pays occidentaux, ont rapidement mis en place des plans de relance. Ceux-ci se sont avérés salvateurs, et le monde sort aujourd'hui -péniblement, mais vraiment- de la crise.

Cette période a culminé avec le G20 de Londres d'avril 2009. Ce sommet historique a décidé de tripler le budget du FMI, à 750 milliards de dollars. L'institution internationale était soudain armée pour faire face aux possibles crises à venir. Elle retrouvait aussi un rôle centrale.

La deuxième étape du mandat de DSK au FMI est nettement plus contestable. En nationalisant les pertes des banques, les Etats se sont retrouvés face à une crise souverraine grave, particulièrement en Europe. A tel point qu'il a fallu intervenir pour sauver la Grèce, l'Irlande et le Portugal. Mais le FMI est alors retombé dans le travers qu'il connaissait dans les années 1990 sous la houlette du Français Michel Camdessus. En échange du plan de secours, le FMI a imposé des conditions draconniennes censées redresser l'économie de ces pays. Mais comme l'Argentine ou la Thaïlande autrefois, c'est le contraire qui se passe. A force d'austérité, ces plans étouffent la croissance.

Un exemple parmi tant d'autres: pour se restructurer, l'Irlande était censée abaisser son salaire minimum. L'idée était  que cela permettrait de redresser la compétitivité du pays. Mais les Irlandais ont déjà avalé quatre cures d'amaigrissement en deux ans, et les salaires sont tous en baisse (ceux des fonctionnaires ont reculé de 15%, les salaires à l'embauche sont en baisse de 20%). Baisser le salaire minimum ne pouvait que réduire la consommation, ce qui aurait aggravé la crise. Finalement, cette mesure n'aura pas été prise par le nouveau gouvernement irlandais, qui la jugeait socialement néfaste, et politiquement explosive. Mais pourquoi donc

Certes, on peut répliquer que le FMI n'est pas le seul coupable. L'Union Européenne, sous la houlette de l'Allemagne, voulait imposer des conditions encore plus difficiles. DSK n'avait donc qu'une marge de manoeuvre limitée. Mais en presque quatre ans à la tête de l'institution, il en a peut-être corrigé les pires excès, mais sans doute pas complètement le biais monétariste, et économiquement orthodoxe.

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Commentaires 9
à écrit le 20/05/2011 à 17:40
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DSK va toucher une grosse indemnité de départ du FMI .A mon sens ,il s'honorerait d'en faire don à une ligue quelconque (américaine,ce serait mieux) de défense des droits des femmes et d'égalité ou victimes d'agressions ,etc

le 20/05/2011 à 21:13
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le principe de la demission, c est que l'on part sans indemnite!

le 25/05/2011 à 14:38
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pour le peuple normal oui , mais eux negocient avant de prendre leur poste leurs indemnités !!!

à écrit le 20/05/2011 à 16:47
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Oh le beau consensus, le journal humanité n'écrirait pas autre chose.

à écrit le 20/05/2011 à 14:54
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bof

à écrit le 20/05/2011 à 13:36
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Le bilan de Strauss-Kahn au FMI est aussi négatif que son comportement dans sa vie privée.

à écrit le 20/05/2011 à 13:31
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Concernant la culpabilité de DSK les avis sont effectivement partagés : lui seul se proclame innocent, tous les autres pensent qu'il est coupable! s'agissant du FMI il n'est pas bon de trouver à sa tête un politique telle que serait Madame Lagarde et...

le 20/05/2011 à 14:17
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et allons donc, mon bon monsieur, mais c'est de la brève de comptoir de bon niveau ce petit commentaire ! Ca va changer le monde, ce brave point de vue sur des éléments qui échappent à votre compréhension de toute évidence ! Heureusement qu'on ne dem...

le 23/05/2011 à 10:25
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tout à fait d'accord...

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