En campagne, Barack Obama relance la "guerre des classes"

Par Jérôme Marin, à New York  |   |  601  mots
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Le président américain a délivré mardi un discours populiste, s'affichant comme le défenseur de la classe moyenne. Il prépare le terrain pour sa réélection.

L'endroit n'a pas été choisi au hasard. À Osawatomie, une toute petite ville du Kansas, en plein coeur de l'Amérique profonde, ici même où Theodore Roosevelt avait plaidé il y a 101 ans pour plus de justice sociale, Barack Obama a délivré mardi un discours qui fera certainement date dans sa présidence. Un discours virulent, souvent populiste, nouvelle illustration de la "guerre des classes" que ses adversaires républicains l'accusent d'alimenter.

"Nous sommes à un moment charnière pour la classe moyenne, a-t-il lancé. Ce qui est en jeu, c'est de savoir si, dans ce pays, des gens qui travaillent peuvent gagner suffisamment pour élever leurs enfants, mettre un peu de côté, posséder une maison et assurer leur retraite". Avant de s'attaquer aux républicains, dont la "philosophie est simple : nous sommes meilleurs quand chacun est livré à lui-même et suit ses propres règles". Et aussi aux firmes de Wall Street, qui ont "violé trop souvent les lois en raison de sanctions trop légères".

Faut-il voir dans ces propos l'expression d'une exaspération exacerbée par les blocages permanents au Congrès ou la volonté de - déjà - préparer le terrain pour sa réélection ? Certainement, un peu des deux. Car Barack Obama n'en finit plus de réclamer aux élus démocrates et républicains de prolonger les allégements de charges sociales, qui doivent expirer à la fin de l'année. Selon les économistes, un échec pourrait amputer la croissance américaine de 0,5 à 1,5 point en 2012. Et plus d'un demi-million d'emplois seraient menacés.

Pour financer cette mesure, les sénateurs démocrates proposent d'instaurer une surtaxe de 1,9 % sur les millionnaires (contre 3,25 % dans leur première proposition rejetée la semaine dernière). Mais ils se heurtent toujours à l'intransigeance de leurs homologue républicains, idéologiquement opposés à toute hausse de la fiscalité. "Allez-vous réduire les impôts de la classe moyenne ou allez-vous protéger les cadeaux fiscaux des millionnaires et des milliardaires ?", leur avait lancé la semaine dernière Barack Obama. "Si le Congrès n'agit pas, une famille de la classe moyenne verra ses impôts augmenter de 1.000 dollars au plus mauvais moment possible".

Le discours de Barack Obama doit également être interprété sous le prisme de l'élection présidentielle de novembre 2012. Même s'il s'en défend, l'ancien sénateur de l'Illinois est déjà en campagne. Et il a bien conscience de la déception qu'ont suscitée les trois premières années de son mandat. Il lui faut donc remobiliser son électorat et s'afficher comme le défenseur de la classe moyenne, de cette Amérique qui souffre quand les républicains cherchent eux à préserver les intérêts d'une élite.

Le président américain ne manque pas de souligner que son plan de relance de l'emploi, présenté début septembre devant le Congrès, a été tué dans l'oeuf par ses adversaires, qui avaient refusé de le financer en demandant aux plus riches de payer leur "juste part". Un moyen de rejeter en partie sur eux la responsabilité de la persistance du chômage. "Barack Obama ne me rappelle pas Teddy Roosevelt mais Jimmy Carter", juge le républicain Tim Pawlenty. En 1980, le président sortant démocrate avait été sèchement battu par Ronald Reagan. Le taux de chômage n'était alors "que" de 7,5 %. Il est aujourd'hui de 8,6 %.

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