Ron Paul pas loin de créer la sensation dans l'Iowa

Par Jérôme Marin, à New York  |   |  645  mots
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Fort du support inconditionnel de ses partisans, le libertarien semble aujourd'hui bien placé pour remporter le caucus de l'Iowa. Mais cette victoire pourrait rester sans lendemain.

S'il y a bien un point sur lequel Ron Paul fait l'unanimité, c'est qu'il détonne dans le camp républicain. Pour le reste, ou presque, le représentant du Texas suscite autant d'enthousiasme que de mépris auprès des sympathisants républicains. Ignoré par les cadres du parti et aussi par certains médias, il peut en revanche compter sur des supporters plus présents et déterminés que ceux de tous ses adversaires.

Et voila que le miracle semble aujourd'hui possible: à trois semaines du caucus de l'Iowa, Ron Paul, le libertarien que personne ne redoutait, est en position idéale pour s'y imposer. Et ainsi créer la première sensation des primaires républicaines. Selon un dernier sondage réalisé par l'institut Public Policy Polling, le Texan recueille 21% des intentions de votes dans cet Etat, seulement un point derrière Newt Gingrich. Il bénéfice surtout d'une dynamique porteuse, quand son principal adversaire semble souffrir des nombreuses campagnes de publicité négatives dont il est la cible - notamment venant du camp Paul.

Cette potentielle victoire serait cependant à relativiser. Et peut-être sans lendemain. Car dans l'Iowa, Etat conservateur du midwest américain, Ron Paul évolue sur un terrain favorable. Il aura plus de mal à convaincre ailleurs, à commencer par le New Hampshire, deuxième Etat à voter pour les primaires (10 janvier). Le libertarien y paiera surtout ses positions controversées dans le camp républicain, notamment sur le 11 septembre, sur les guerres en Afghanistan et en Irak, sur le mariage homosexuel ou sur la peine de mort.

Pour ses partisans, Ron Paul c'est avant tout un candidat en dehors du système "corrompu" de Washington. Un homme politique aux positions sans compromission, non dictées par les lobbies. C'est également le candidat de la Constitution américaine, des pères fondateurs, des libertés individuelles, d'un Etat limité à ses fonctions régaliennes et d'une politique étrangère non-interventionniste. Il propose notamment de couper les dépenses publiques de 1.000 milliards de dollars dès 2013, en supprimant cinq ministères (éducation, énergie, commerce, intérieur et aménagement du territoire). Un projet extrême - voir impossible à mettre en place - mais qui séduit.

L'autre cheval de bataille de Ron Paul, c'est la Réserve fédérale, la banque centrale américaine. Là aussi, c'est un thème en vogue au sein de l'électorat républicain - mais pas seulement, ses positions étant soutenues bien au-delà des frontières américaines. Contrairement aux autres candidats, il ne réclame pas seulement la démission de Ben Bernanke, son président. Il veut tout simplement supprimer cette institution. "Rien de bon ne peut provenir de la Réserve fédérale", écrivait-il en 2009 dans un livre intitulé "End of the Fed".

Invoquant Thomas Jefferson ou encore Friedrich Hayek, son maître à penser, il cherchait alors à démontrer l'incapacité et l'inefficacité des banques centrales, responsables selon lui de la crise financière en ayant manipulé les taux d'intérêt, et ainsi altéré le libre fonctionnement du marché. À la Chambre des représentants, il a défendu, en vain, une proposition de loi devant déboucher sur un audit sans précédent des comptes de l'institution.

Fort du support inconditionnel de ses partisans, Ron Paul, dit-on, envisagerait de se présenter en tant que candidat indépendant en novembre 2012 - hormis, bien sûr s'il remporte la primaire, scénario aujourd'hui peu envisageable. Glenn Beck, un ancien présentateur vedette de Fox News et l'un des pères du mouvement du "Tea Party", milite en tout cas pour cette solution si Newt Gingrich devait être l'opposant républicain de Barack Obama.

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