Comment Mitt Romney a laissé filer une victoire annoncée

Annoncé gagnant, l'ancien gouverneur du Massachusetts a été nettement battu lors de la primaire de Caroline du Sud. Il a une semaine pour renverser la tendance avant un vote crucial en Floride.
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Au soir de la victoire de Mitt Romney dans le New Hampshire, le 10 janvier, les jeux semblaient faits. Déjà vainqueur dans l'Iowa, l'ancien gouverneur du Massachusetts ne pouvait plus, disait-on, laisser filer l'investiture républicaine. Car les sondages le donnaient largement gagnant en Caroline du Sud et en Floride, deux succès qui devaient définitivement tuer tout suspense. Dans son discours ce soir-là, le candidat se projetait d'ailleurs déjà sur la seconde étape, son duel face à Barack Obama.

Mais moins de deux semaines plus tard, ce grand chelem annoncé n'est plus qu'un lointain souvenir pour Mitt Romney. D'abord parce que ses huit voix d'avance dans l'Iowa se sont transformées en 34 voix de retard dans les résultats définitifs, laissant la victoire à Rick Santorum. Et surtout, parce qu'il a été très sèchement battu samedi par Newt Gingrich en Caroline du Sud. L'ancien président de la Chambre des représentants a recueilli plus de 40% des voix, contre 28% seulement pour son adversaire.

Mitt Romney était pourtant arrivé dans cet Etat très conservateur - où flotte encore le drapeau confédéré - avec le statut de grand favori. Attaqué sur son passé d'homme d'affaires, il avait même réussi à contenir la "bombe" Bain Capital, la firme de capital-investissement qu'il a fondée et dirigée jusqu'en 1999. A ceux qui le présentaient comme un "vautour" - rachetant, restructurant et revendant avec profits des entreprises -, il avait opposé les milliers d'emplois créés grâce à ses investissements, défendu le système capitaliste et refusé de s'excuser pour sa réussite - et donc pour sa richesse.

Mais l'ancien président du Comité d'organisation des JO de Salt Lake City a aussi commis une erreur stratégique en refusant de publier ses fiches d'impôts. Rick Perry puis Newt Gingrich ne l'ont plus lâché sur cette affaire, insinuant ouvertement qu'il avait quelque chose à cacher. Tentant de se défendre, il a commis plusieurs maladresses, comme en indiquant qu'il n'avait gagné que peu d'argent grâce à ses discours l'an passé. Vérification faite, ses cachets ont atteint presque 400.000 dollars. De quoi renforcer, encore un peu plus, son image de millionnaire totalement coupé de la réalité et des difficultés quotidiennes des Américains.

Au cours des deux débats organisés en Caroline du Sud la semaine dernière, Mitt Romney a en outre été mis en difficulté par ses adversaires. Notamment sur la réforme de la santé qu'il a mise en place lorsqu'il était encore gouverneur du Massachusetts et que Barack Obama cite souvent comme une source d'inspiration de sa propre réforme. Il a également subi les attaques répétées de Rick Santorum sur ses positions antérieures concernant l'avortement et le mariage homosexuel. Deux thèmes importants pour l'électorat conservateur et religieux qui a composé la majorité des votants lors de la primaire en Caroline du Sud.

Malgré le soutien officiel de Nikki Haley, la gouverneure de l'Etat proche du mouvement du Tea Party, il n'est jamais parvenu à totalement convaincre ces électeurs. Certains étaient certes prêts à voter pour lui, estimant qu'il était le seul capable de battre Barack Obama en novembre prochain. Mais dans la dernière ligne droite, beaucoup ont finalement opté pour Newt Gingrich, un candidat (sur le papier) plus conforme avec leurs convictions. Peut-être déjà tourné vers la suite, Mitt Romney a tardé à prendre conscience du retour en grâce de l'ancien président de la Chambre des républicains, dont la candidature semblait dans l'impasse après ses échecs dans l'Iowa et dans le New Hampshire.

Toute la question est désormais de savoir si Mitt Romney va connaître pareille mésaventure en Floride. A une semaine du vote, les sondages se sont déjà retournés en faveur de son principal rival. Sa dernière campagne publicitaire donne déjà le ton, en attaquant Newt Gingrich sur son passé de lobbyiste auprès de Freddie Mac, un organisme parapublic accusé d'être à l'origine de la crise immobilière, et sur les sanctions que lui a infligées en 1997 le Comité d'éthique du Congrès. Mitt Romney espère également mettre fin à la polémique sur ses impôts: il publiera mardi sa dernière déclaration. C'est une semaine trop tard.

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Commentaires 3
à écrit le 24/01/2012 à 12:08
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En tout cas Romney est effectivement un bon gestionnaire: 3 millions d'impôts pour un revenu annuel de 45 millions !

à écrit le 24/01/2012 à 4:55
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Il serait souhaitable de voir Newt Gingrich devenir le candidat républicain puisque cela augmenterait les chances d'un second mandat pour Obama. Bonne chance donc Newt Gingrich!

à écrit le 23/01/2012 à 23:00
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Romney est le fondateur et ancien patron de Bain Capital... Vous vous souvenez, le fonds qui possédait Samsonite au moment du scandale...

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