Toyota Avensis : Une familiale hyper-rationnelle et... un brin ennuyeuse

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  685  mots
Copyright Reuters (Crédits : Toyota)
Elle est spacieuse, sûre, bien conçue, sérieusement fabriquée. Un excellent véhicule typiquement japonais, c'est-à-dire dépourvu de charme.

Toyota sait faire de bonnes voitures, mais il a toujours du mal à leur donner de la personnalité ou du charme. L'Avensis n'échappe pas à la règle. Elle n'est nullement désagréable à regarder, mais personne ne se retournera sur elle. A force de vouloir plaire à tout le monde, elle manque d'une véritable identité. A l'intérieur, c'est pareil, net, propre, bien disposé - sauf la radio dont les stations sont trop compliquées à mémoriser ou à retrouver. Mais l'ambiance ( ?) noirâtre, sans âme, n'est ni chaleureuse ni séduisante. Même la sellerie cuir-alcantara sur notre version « Style » ne fait pas spécialement cossu. Pour 1.000 euros de plus, la version break SW donne toutefois davantage de fonctionnalité et d'espace, voire un tout petit peu plus de personnalité dans les lignes.

Moteur doux et... terne

Moteur ! Eh bien, la conduite est à l'image de la carrosserie et de l'habitacle ! Notre modèle était équipé d'un brave diesel de 150 chevaux, doux, souple, linéaire, qui fonctionne sans rechigner, bien secondé par une boîte précise et un embrayage soigneusement dosé. Mais la mécanique ne distille pas le moindre plaisir. Sur les 150 chevaux, quelques dizaines semblent d'ailleurs avoir déserté le haras, tant le moteur manque de vivacité. L'allongement démesuré des rapports de transmission, pour moins consommer, explique-t-il cela ?

Tenue de route sûre

La tenue de route est du même tonneau. La voiture est sûre, placide, d'une neutralité à faire pâlir un suisse. Mais, sans allant. Elle vire paresseusement, sans aucune agilité. La direction, légère mais un peu inconsistante, n'aide d'ailleurs pas à la faire virer. Et ça ne sert à rien de la forcer. Elle répond comme un japonais à qui l'on essaye de faire comprendre quelque chose qu'il n'a pas envie de faire. Il rétorque poliment, mais ignore ce qu'on lui suggère et s'en va sur son petit bonhomme de chemin ! Avec un tel châssis genre père tranquille, on espérait au moins un bon confort... Bof.

Suspensions claquantes

Les suspensions arrivent en fait trop brutalement en butée sur les inégalités de la route. Comme, en plus, elles travaillent en claquant bruyamment, l'on éprouve même une sensation désagréable d'inconfort sur bitume dégradé. Les grandes jantes (17 pouces) de notre version « Style » (une appellation impropre !) perturbent un confort que nous avions naguère mieux apprécié avec des petites jantes de 16 pouces. Et encore a-t-on échappé aux énormes jantes de 18 et pneus taille basse « tape-cul » de la finition luxueuse « Lounge » ! Notons à propos d'insonorisation que celle-ci n'est pas un point fort. Le moteur est discret, mais les bruits aérodynamiques et de roulement sur chaussée rugueuse sont trop présents. Comme c'est souvent le cas chez Toyota.

Fiabilité

Bref, l'Avensis est une voiture moyenne, sans esbroufe, plutôt efficace, mais qui ne brille jamais. Les prix ne sont pas spécialement intéressants, mais l'équipement est fourni. C'est un choix éminemment respectable, vu la réputation de fiabilité de la marque et la qualité reconnue du service après-vente. Vous pouvez même opter pour la plus sobre version de 126 chevaux, 1.000 euros moins chère, sans parler des 200 euros d'économie de malus, la 126 n'y étant pas soumise. Mais, attention quand même, avec l'une ou l'autre version, à ne pas vous endormir à bord ! Bref, c'est tout le contraire d'une italienne, pétulante et séductrice mais avec souvent de vilains défauts. L'Avensis sera une compagne fidèle et calme sur qui vous pourrez compter, mais vous n'en tomberez jamais amoureux.
Alain-Gabriel Verdevoye

Modèle essayé : Toyota Avensis D-4D150 Style: 31.200 euros (+200 euros de malus)

Puissance du moteur : 150 chevaux (diesel)

Dimensions : 4,76 mètres (long) x 1,81 (large) x 1,48 (haut)

Qualités : rapport qualité-prix, réputation de fiabilité et de qualité du service, tenue de route rassurante, moteur linéaire, embrayage bien dosé

Défauts : ligne et habitacle impersonnels, confort ferme, bruits de suspension et roulement, aucun plaisir de conduite, détails d'ergonomie

Concurrentes : Volkswagen Passat 2,0 TDi 140 Confortline : 30.040 euros ; Ford Mondeo TDCi 163 Titanium : 30.750 euros ; Peugeot 508 HDi 140 Allure: 31.750 euros

Note : 13 sur 20