Volvo V40 : la compacte suédoise « classe » pour contrer Audi et BMW

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1141  mots
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Clairement, la belle scandinave vise l'Audi A3 et la BMW Série 1. Personnalité, qualité de finition, tenue de route, la V40 a de bons atouts. Mais les bips-bips sécuritaires agacent vite...

Feutrées, discrètes, élégantes mais pas ostentatoires, les Volvo s'adressent à des gens pondérés, raffinés, qui ont de l'argent mais ne veulent pas (trop) l'afficher. Les belles suédoises n'ont jamais été faites pour pétarader au feu rouge, se faire voir dans les endroits branchés, susciter la jalousie des voisins. Cela, toutefois, était vrai jusqu'à... aujourd'hui. Peut-être lassés de trop de discrétion, les dirigeants de la marque de Göteborg veulent en effet, désormais, que leurs voitures se voient davantage. Pour mieux contrer les allemandes ? Aussi, la dernière V40 affiche des formes plus rebondies, travaillées (pour ceux qui aiment), voire torturées (pour les détracteurs), que par le passé. Personnellement, nous trouvons qu'il y a un peu trop de pliures dans tous les sens ! Mais, bon, il paraît que c'est la mode... En tous cas, la V40 conserve une personnalité affirmée.

Plate-forme d'origine Ford

Sur la plate-forme d'une Ford Focus, la compacte de son ex-actionnaire américain, Volvo a concocté cette berline de gamme moyenne inférieure pour s'attaquer au créneau des Volkswagen Golf, Peugeot 308, Renault Mégane... et Audi A3 (en plein renouvellement) ou BMW Série 1, ses deux principales rivales. D'ailleurs, en France, la firme de Göteborg s'aligne à peu près sur les tarifs de la BMW! Assemblée en Belgique, cette suédoise est ambitieuse, puisque le constructeur vise 100.000 exemplaires par an environ. Ce qui devrait en faire la Volvo la plus vendue, devant le 4x4 compact XC60. Livrable dès le mois prochain, cette V40 sera complétée début 2013 par une version « baroudeuse » à quatre roues motrices.

Intérieur cocon

Si la carrosserie est identifiable au premier coup d'?il comme un produit Volvo - malgré un style plus agressif - , l'intérieur est tout aussi personnel. Comme d'habitude, on s'y sent à l'aise avec des sièges confortables (et un beau cuir soyeux), des commandes douces, des formes reposantes. Les amplitudes de réglage des sièges et du volant sont satisfaisantes. La qualité de finition est excellente.

On retrouve aussi la console mince, traditionnelle, finalement pas si pratique car il est difficile d'y glisser des objets derrière. Si l'ambiance est préservée, nous déplorons néanmoins une surface vitrée réduite de trois-quarts arrière selon une tendance actuelle complètement idiote. Les montants épais à l'avant limitent aussi la visibilité. Et le pare-brise très plongeant oblige à conduire avec le front venant presque buter sur le haut dudit pare-brise. Pas très agréable. L'habitabilité à l'arrière n'est pas non plus formidable. Critiquons aussi un ordinateur de bord trop complexe avec des tas de fonctions plus ou moins inutiles...

Arsenal sécuritaire

Volvo est obsédé par la sécurité et le prouve encore une fois. Applaudissons à l' « airbag » piéton qui se déploie à l'extérieur en cas de choc avec un... piéton. « Conçue pour prévenir », comme l'affirme son constructeur, la V40 est bardée de tout un arsenal destiné à réduire les accidents. Le « City Safety » est ainsi un système de prévention et de freinage automatique en cas d'urgence. Ce dispositif signale au conducteur un risque de collision par une alarme et, au pire, réagit à la place de l'automobiliste. Le véhicule est également doté de capteurs radar avertissant le conducteur en marche arrière de la présence de véhicules en approche. Il y aussi un système de surveillance des angles morts. Bref, c'est formidable... sur le papier.

Car, dans la pratique, c'est un enfer ! Tout ça clignote et « bipe » intempestivement. Ces systèmes sont beaucoup trop sonores et intrusifs. Le dispositif anti-collision - non déconnectable - intervient trop souvent, alors même que le conducteur tient parfaitement la situation en main. Impossible ainsi, en montagne, de s'approcher d'un véhicule pour le doubler sans que le système ne couine... Stressant et exaspérant! On n'a vite qu'une envie : se précipiter chez le concessionnaire pour qu'il débranche tout...

Comportement sécurisant

La tenue de route est sécurisante. Le comportement n'est jamais pris en défaut. Bravo. Mais, nous n'avons pas aimé la direction lourde et collante, qui ne renseigne pas assez sur l'état de la chaussée. Le rayon de braquage est par ailleurs démesuré. Une mauvaise habitude de la marque qui rend toute manoeuvre fastidieuse. Le confort est pour sa part ... difficile à juger. Volvo avait en effet monté, pour ces premiers essais en Italie, des montes pneumatiques optionnelles archi-sportives avec d'immenses (et belles) jantes de 18 pouces et des pneus larges mais à flancs ultra-bas. Résultat de cette monte « tape-cul » : une fermeté excessive. Sur un coupé sportif de 250 chevaux, ça irait. Mais, sur une berline diesel, c'est absurde. Une chose est sûre : évitez absolument de vous faire refiler ces pneus en option, inconfortables et archi-onéreux au remplacement. Nous nous réservons la possibilité de reprendre le volant d'une version dotée de pneus normaux de série.

Moteur satisfaisant

Les moteurs donnent satisfaction. Nous avons essentiellement testé le D4 de 177 chevaux, un cinq cylindres au bruit rauque on ne peut plus flatteur, avec la boîte automatique Geartronic (2.000 euros), toujours très douce et civilisée, qui plus est dotée désormais d'une position « S » (Sport) rendant les rétrogradages plus efficaces. Certes, cette transmission n'affiche pas la rapidité d'une transmission à double embrayage et se révèle, de plus, un peu énergivore. Mais le confort de conduite est très plaisant.

Nous avons essayé brièvement par ailleurs le petit diesel D2 de 115 chevaux - il s'agit d'un 1,6 PSA développé avec Ford -, un peu juste à bas régime. Nous avons pu aussi prendre le volant de la motorisation à essence T4, très dynamique avec ses 180 chevaux.

Très bonne auto

Globalement, la V40 est une bonne auto, rassurante, soigneusement conçue et fabriquée, tout en affichant une belle personnalité. Mais ses tarifs ne la mettront pas à portée de toutes les bourses. La gamme démarre à 24.980 euros (D2 Kinetic). Pour le moteur D4, comptez au minimum 30.100 euros (finition Momentum). Les pièces détachées sont également onéreuses chez Volvo. Heureusement, la marque jouit d'une belle réputation de fiabilité et de longévité. Mais, que Volvo peaufine d'urgence ses dispositifs sécuritaires, trop insupportables!
Alain-Gabriel Verdevoye

 

Modèle d'essai : Volvo V40 D4 Geartronic Summum : 34.250 euros

Puissance du moteur : 177 chevaux (diesel)

Dimensions : 4,37 mètres (long) x 1,80 (large) x 1,44 (haut)

Qualités : qualité de finition, personnalité, sièges agréables, moteur feutré, boîte auto douce, comportement serein

Défauts : prix élevé, visibilité réduite, direction lourde, bips-bips intrusifs, confort relatif (jantes de 18 optionnelles)

Concurrentes : Alfa Romeo Giulietta 2,0 JTDm 170 TCT Exclusive: 33.750 euros ; BMW 120d Lounge (automatique) : 34.000 euros.

Note : 14 sur 20