Alfa Romeo Mito : Charmeuse et ...sévère

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  938  mots
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Avec ses lignes sensuelles, ses beaux sièges sport, son moteur rageur à la sonorité évocatrice, la petite italienne séduit. Mais, si le confort progresse, les suspensions fermes et chahuteuses sur chaussée dégradée calmeront les ardeurs.

Même si elle n'évoque précisément aucune Alfa du passé, la Mito séduit avec ses rondeurs sensuelles, son agressivité contenue et ses multiples clins d'?il aux années cinquante ou soixante, comme les phares remontant dans les ailes, les feux arrière ronds, les poignées de portes chromées. Un petit coupé évocateur, bourré de charme, intemporel, qui ne déparera pas la célèbre lignée des Giulietta puis Giulia. Le tout dans un gabarit de Clio ou de 208. Les lignes, pourtant, sont simples, naturelles, reflétant la qualité du coup de crayon initial, loin des boursouflures laborieuses et clinquantes à la mode aujourd'hui. Décidément, les designers italiens sont de vrais artistes ! Notre modèle d'essai rouge vif était superbe.

Ambiance sportive

A l'intérieur, l'ambiance sportive est suggérée également par les multiples rondeurs, le revêtement moussé du haut de la planche de bord imitant le carbone, les compteurs travaillés avec un bel éclairage rouge, les sièges enveloppants en cuir frappés du sigle Alfa Romeo d'une chaude couleur ambrée. La position de conduite est bonne et les places avant sont spacieuses. Les places arrière apparaissent, elles, très limitées et difficiles d'accès, tout comme le coffre au seuil de chargement haut. Pas étonnant, vu le gabarit et l'esthétique de coupé ! Dommage, certains plastiques durs font bas de gamme. Mais, l'assemblage dans son ensemble n'appelle pas la critique. A signaler quelques petits défauts comme un compteur de vitesse peu lisible, un indicateur de température extérieure fantaisiste indiquant 13 degrés quand il en fait au moins 20, un lave-glace dont le jet ne déclenche pas systématiquement les essuie-glaces... Résultat : pendant quelques secondes, on ne voit plus rien ! Il faut une pression prolongée pour que les essuie-glaces se mettent enfin en marche. Un défaut traditionnel des voitures du groupe Fiat.

Belle vivacité

Au volant, la vivacité du nouveau moteur à essence 1,4 « Multiair » de 135 chevaux est au diapason, avec une sonorité rageuse qui participe à l'ambiance sportive. Sur notre modèle d'essai, cette mécanique était couplée avec une boîte à double embrayage "TCT". Globalement, l'ensemble est agréable. Mais, nous n'avons pas retrouvé la même efficacité que sur la compacte Giulietta essayée récemment, avec un moteur diesel de 170 chevaux. Ici, le temps de réponse de la transmission au démarrage est trop long. D'autant qu'il vient s'ajouter à un « Stop and Start » (arrêt et redémarrage du véhicule au feu rouge) lui-même assez lent à la remise en route. Et cette boîte automatique n'aime pas non plus les brusques relances, qui lui font un peu perdre les pédales !

Mais, cette transmission a aussi de grandes qualités. En position « Dynamic », elle rétrograde très franchement en envoyant un filet de gaz, imitant le bruit du double débrayage de jadis. Un vrai moment d'émotion pour les amateurs. Elle rentre si promptement les rapports qu'elle propulse parfois le moteur un peu brutalement à plus de 4.500 tours. Sa réactivité fait vraiment plaisir.  Et, avec la "TCT", la Mito consomme moins que la version à boîte manuelle, selon les données officielles.

Train avant chahuteur

Tout cela suggère la sportivité. Très bien. Mais, les trains roulants et la direction ne suivent pas vraiment. Certes, les voitures italiennes ont tendance à se bonifier au fur et à mesure du cycle de production. Et c'est le cas ici. Lancée avec des suspensions très imparfaites, d'un inconfort notoire, la Mito a bénéficié depuis d'améliorations bienvenues. On a l'impression que quelqu'un a enfin monté des... amortisseurs ! Bref, la voiture a des réactions moins sèches qu'avant. Mais, elle reste ferme et tressaute trop sur mauvaise route. Les pouvoirs publics devraient même lui accorder un bonus, tant la Mito incite à respecter scrupuleusement les vitesses limites sur les ralentisseurs pour ne pas être brutalisé. Le train avant n'est toujours pas un modèle. Il sautille, ayant tendance à rebondir d'une ornière à l'autre. Et, lors d'une forte accélération, il cherche un peu sa voie. Il n'est pas non plus aidé en virage par une direction peu consistante, qui renseigne mal sur l'état de la chaussée. En position « Dynamic », cette direction se durcit, mais n'apporte pas plus de précision. La voiture n'est certes pas dangereuse pour autant, mais les réactions brusques et le manque de rigueur dérangent. A propos de direction, notons un rayon de braquage démesuré, qui ne facilite pas les man?uvres dans les parkings.

Bel engin... cher

Une séductrice, vive, chaleureuse, pleine de personnalité, nous on aime! Ca nous change des voitures passe-partout, banales, interchangeables, qui sont le lot de la plupart des constructeurs. La Mito est un bel engin sympathique, attachant, mais perfectible et fatigant au quotidien. Le prix douchera aussi les enthousiasmes. Alfa Romeo n'y est pas allé de main morte. Un modèle Exclusive équipé d'une jolie sellerie cuir (mais pas du GPS) est tarifé 20.700 euros.  Pas donné. Et la boîte à double embrayage requiert un effort suppémentaire de 1.750 euros !
Alain-Gabriel Verdevoye.

Modèle essayé : Alfa Romeo Mito 1,4 Multiair 135 Exclusive TCT: 22.450 euros

Puissance du moteur : 135 chevaux (essence)

Dimensions : 4,06 mètres (long) x 1,72 (large) x 1,45 (haut)

Qualités : esthétique envoûtante, ambiance intérieure sportive, personnalité, bruit du moteur, vivacité, double embrayage réactif

Défauts : inconfort, direction inconsistante, train avant peu rigoureux, trou au démarrage, habitabilité mesurée

Concurrentes : Mini Cooper (automatique) : 21.410 euros ; Audi A1 S Line 1,4 TFSi S-Tronic : 25.450 euros

Note : 13,5 sur 20